L’arrivée de Patrick Mouguiama Daouda à la tête du département de l’Education nationale se fait déjà remarquer à travers une mesure choc, la réforme du second tour du baccalauréat, qui provoque des remous chez les élèves habitués à la facilité.
Cette réforme qui concerne également le CEP, le certificat d’études primaires et le BEPC, le brevet d’études du premier cycle part d’un constat, le deuxième tour du bac au Gabon semble moins exigent avec le passage des candidats déclarés admissibles. Selon Patrick Mouguiama Daouda, le patron de l’éducation nationale, l’objectif de cette décision est « d’atténuer les effets trompeurs de l’augmentation exponentielle du nombre d’admis au second tour ». Car ce nombre, explique le ministre, « donne l’illusion du niveau réel du bac ». Gouverner c’est prévoir et prévoir c’est aussi prendre des décisions parfois difficiles à faire passer dès lors qu’elles touchent aux intérêts des groupes spécifiques. Et les élèves qui crient au scandale en battant le bitume aujourd’hui ont certainement pris la mesure de cette réforme filtre qui devrait limiter considérablement le nombre impressionnant de faux bacheliers enregistrés par milliers chaque année au second tour de l’examen.Un second tour en réalité devenu une simple formalité depuis plus d’une décennie puisqu’il fallait juste à un candidat de se présenter devant un membre du jury soudoyé pour être déclaré admis à travers une ou deux petites questions fantaisistes à l’oral. Tout cela avec la complicité bien nourrie de nombreux chefs d’établissements à qui la tutelle avait fait croire que leur promotion ou leur maintien en poste était tributaire de résultats 100%, faisant même fi de la qualité. Pour couper l’herbe sous les pieds de ces chefs d’établissements véreux, le mode de calcul de la moyenne à ce second tour a donc été revu. Désormais, l’oral sur les deux matières choisies par le candidat ne comptera plus que pour 70% auxquels devront s’ajouter 30% de sa moyenne au premier tour.
Rendre sa dignité au Bac
Il s’agit au demeurant d’une mesure de sauvetage destinée à rendre sa dignité et sa noblesse à un diplôme qui, depuis plus d’une dizaine d’années, semble avoir été galvaudé avec des milliers de bacheliers pour la plupart sans niveau réel. Une illusion du Bac dont la conséquence directe aujourd’hui ce sont les effectifs pléthoriques, notamment à l’université Omar Bongo devenue le réceptacle de cette légèreté dans l’évaluation de l’examen, car en à peine cinq années seulement, l’établissement a vu son effectif passer de 24 mille à plus de 40 mille aujourd’hui. Tout un monde inadmissible pour un établissement construit au départ pour une capacité d’accueil de 8 mille places. Des étudiants qui, pour l’essentiel manquent de niveau et il faut lire leurs mémoires de fin de cycle pour se convaincre de ce drame intellectuel qui touche l’ensemble des établissements du pays, qu’il s’agisse du primaire, du secondaire ou du supérieur. Devant la gravité de la catastrophe qui touche l’ensemble du système éducatif gabonais, réformer le simple second tour du Bac c’est comme appliquer un traitement superficiel à une pathologie qui nécessite pourtant une intervention chirurgicale. Il faut donc tout remettre à plat et rebâtir, si on veut asseoir une école gabonaise de qualité, car aux grands maux, les grands remèdes. Et c’est ce à quoi s’emploie le nouveau ministre, Patric Mouguiama Daouda, qui vient de recaler plus de mille dossiers de candidatures pour défaut d’authenticité. En cause, des bulletins de notes fantaisistes, établis avec la complicité des chefs d’établissements. L’assainissement continue.
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