Au Gabon, les élections générales Gabon sont prévues pour se dérouler le 26 août 2023. Mais, bien avant ces dernières, le régime en place a pris le soin, tirant les leçons de 2016, de coupler les élections présidentielles aux législatives et locales; ce, pour empêcher le double jeu observé lors de la dernière présidentielle.
En effet, les apparatchiks du pouvoir n’ont pas compris, et l’opinion avec, que dans les circonscriptions où le candidat du PDG faisaient de mauvais score à la présidentielle, ces scores s’amélioraient substantiellement pour les candidats PDG lors des législatives qui suivaient.
Toutefois, ce changement pourrait ne pas donner les résultats escomptés à en juger par la perception qu’on a du PDG sur le terrain. Le département de la Sébé-Brikolo pourrait, au cours de ces élections, pourrait illustrer ce fait.
Dans cette contrée où le PDG est habitué à remporter, depuis 1990, tous les scrutins, la sérénité n’est pas au beau fixe. Ses candidats semblent esseulés, pris en grippe par des candidats d’autres partis dont les candidats sont portés par une bonne frange de la population. Cette situation couvre les élections législatives et locales et pourrait déteindre ostensiblement sur les présidentielles.
DES ELECTIONS LEGISLATIVES
Le département de la Sébé-Brikolo compte, pour le compte des élections législatives trois (3) sièges. Le premier concerne la Commune d’Okondja, le deuxième prend en compte les cantons Mouniandzi et Lekori. Le troisième, quant à lui, englobe les cantons Lekala, Sébé-Louri et Thembet.
Sur le premier Siège,
Hervé Nkonoa candidat PDG fait face, jusqu’à la preuve contraire que pourrait apporter le CGE, à 6 adversaires.
Originaire des villages Onguila et Ambinda, les chances de ce dernier pour remporter l’élection sont émaillées de plusieurs obstacles:
1. Il a le désavantage d’être porté par une frange de jeunes étrangère à la réalité anthropologique de politique à Okondja. Il compte sur le dynamisme qu’ils créent. Or, ce dernier est souvent enrobé d’un zèle enclin à l’amertume ;
2. Très proche de Luc Oyoubi il pourrait, par procuration, faire les frais de ce qui est reproché au management politique de ce dernier dans la contrée. Aux dires de certains, c’est lui le cheval de Troie qui aurait permis à un certain Cyriaque de rentrer de manière fracassante à Okondja ;
3. Il a face à lui 6 adversaires dont 2, de par leur socle anthropologique, pourraient faire très mal.
Le premier, Hyppolite Abourougou représentant du CLR, est ressortissant d’Abolo. Il dispose d’un socle anthropologique important. Une partie importante d’un des nombreux bureaux de vote de la commune est composée des ressortissants de ce clan.
A cela, il faut ajouter qu’il est aussi endossé sur le Ngami d’où est issu son père Ayené. De ce fait, les ressortissants d’Aboumi, Obori, Otongo, Yuma, Moyole, Bouma installés à Okondja pourraient se reconnaitre en lui. Il n’est pas exclu non plus, qu’au vu de la politique menée par l’ex ministre et des démêlés qu’il aurait eu avec certains cadres du regroupement Amonô et d’Ambinda, qu’une grande partie des ressortissants desdits villages installés dans la commune puissent voter pour lui, en guise de sanction, contre le candidat du PDG proche du Sénateur.
Par des nombreuses relations tissées avec les ressortissants de Thembet et son entregent, il pourra être capable d’attirer, à lui, les voix desdits ressortissants. Ces derniers auront à cœur de sanctionner le PDG pour n’avoir pas maintenu le député titulaire sur leur canton alors que le Canton Lekala a gardé le siège plus de 15 ans, sans discontinuer.
Ce candidat, en plus de disposer d’une assiette anthropologique importante, a l’avantage de résider, du 1er janvier au 31 décembre, à Okondja vivant au quotidien les problèmes de ses compatriotes. Il connait parfaitement la langue « lembama ».
Le deuxième candidat qui pourrait, dans la Commune, mettre en mal le candidat du PDG est Jean Pierre Akombi A Selegue.
Ressortissant des clans Mbèré d’Ongouangoubou par son père et de Ngami par sa mère, il va certainement contribuer à étioler, davantage, les voix qu’auraient pu engranger le candidat du PDG dans ces clans.
Poulain du PGCI, parti fondé par feu Jérôme Okinda, il pourrait surtout ravivez l’histoire. En effet, au cours des élections législatives de 1958, les populations d’Okondja avait préféré Jérôme Okinda à un candidat qu’Eugène Amogho avait voulu leur imposer, Albert Bernard Bongo. Demander à ces populations de porter leur choix sur le PGCI plutôt que sur le PDG pourrait donc, en symbole, ravivez cette histoire épique.
Par ailleurs, suite à sa prise de position sur les réseaux sociaux lors de l’affaire Cyriaque Mvourandjiami, Jean Pierre Akombi A Selegue aurait obtenu l’appui des notables au cours de cette affaire que ces derniers considèrent comme une infamie à leur égard ; laquelle infamie n’a jamais été « lavée ». Ainsi, battre le candidat du PDG serait pour cette notabilité la meilleure des réponses au soufflet d’un jeune responsable du PDG impudent.
Le candidat du PGCI partage avec celui du CLR, la connaissance de la langue et de la culture du pays ambamâ.
Sur le deuxième Siège
Sur ce siège, le candidat du parti au pouvoir, Pamphile Youmou sera face à Hubert Herman Loussou. Ressortissant du district Lekori, Hubert Loussou veut à tout prix battre le candidat du PDG afin de faire entendre raison à ce parti dont les réprésentants ont brillé par une morgue et une arrogance sans précédent. Cependant, le candidat du PDG, issu du canton Mouniandzi, par sa mère, dispose des nombreux frères sur le canton Lekori ; ce qui est un atout.
Sur le troisième siège
Bien que Ministre de la République, le candidat PDG Max Samuel Oboumandjogo ne pourra pas facilement jouir de cet avantage comparatif sur ce siège tant les problèmes sont saillant.
Sur le Canton Lekala, la candidature de Richard Ntsiantou ressortissant de Moyole pourrait constituer un obstacle important. Car cet indépendant a d’abord l’avantage d’avoir grandi dans la contrée, alternant entre le temps de ces humanités à Okondja, Franceville et Libreville et les étés dans le canton. Il dispose de nombreux parents dans tous les villages du canton : Obili, Mbali, Okeri, Lekori, Ossibi, Yuma, Ayandza, Abolo et Bouma
Sa candidature serait la réponse à une gestion politique catastrophique du département de la Sébé-Brikolo et ressentie comme tel par une frange importante du canton Lekala.
Au canton Sébé-Louri, la situation n’est pas plus facile car le candidat du PDG pourrait faire les frais de la volonté de puissance exprimée à l’égard de nombreux cadres par Luc Oyoubi. Que ce soit à Antsia (Ambinda et Oyabi), à Amono ou Ossinga 2, le SGA serait vu comme l’homme à l’origine des déboires des uns et des autres du fait du cumul qu’il fait à la fois dans l’exécutif du parti et du Sénat.
Sur le canton Thembet, la mise à l’écart de Boniface Koumbagoye par le PDG du candidat titulaire au poste de député du troisième siège pourrait entrainer la défaite du PDG sur cette ligne.
Il y’a de cela quelques mois en arrière les chefs de villages et de regroupement de ce canton se sont rendu devant M. le Préfet de la Sébé-Brikolo pour rendre leur démission car ils ne comprenaient pas leur enclavement. Cet épisode fait suite à un précèdent qui a eu lieu au fin des années 70. En effet, ce canton avait décidé unanimement de plus payer d’impôt tant qu’il ne sera pas doté d’une route.
Cette dynamique de groupe qui a toujours caractérisé ce canton pourrait donc se reproduire durant cette élection du fait de la mise à l’écart d’un de leur fils.
Au total, le PDG a moins de chance de rééditer ses exploits électoraux passés au cours de ces législatives. La réception de Ndong Sima et de Barro Chambrier à Okondja constitue un indicateur important. S’il est vrai que certains Pdgistes racontent que Pierre Mamboundou, Paul Mba Abessole avait été reçu pareillement et le PDG l’a toujours remporté, ils oublient d’intégrer dans leur assurance que l’environnement de cet époque n’est plus le même. En science expérimentale, une expérience ne donne les mêmes résultats que pour autant qu’elle se refasse dans le même environnement et dans les mêmes conditions. Pour le moment le passé semble être très loin du présent.
Les locales feront l’objet d’une prochaine analyse.
Steeve YONDZI,
Président du cercle de Réflexion Afrique Dignité