Le cas de John Marchos Ankely, ancien directeur de l’ANAVEA, mérite que l’on s’interroge sérieusement, en toute franchise et sans langue de bois. D’abord, ce compatriote, dont on ne peut jeter une pierre pour avoir échoué dans ses missions, mais disons tout de même que son rebondissement au sein de la task-force mise en place par le CTRI, fait naître des questions.
L’ANAVEA, organe qu’il a dirigé, n’a produit aucun résultat. Zéro criminels financiers n’a été interpellé. Aucune société pillarde de fonds publics n’a été coincée ou clouée au pilori, or Dieu seul sait que sous le régime déchu, la fraude et la corruption ont été hissés au firmament.
Cet instrument, aux mains des anciens dirigeants, n’a jamais fait ses preuves. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle avait été fermée, au lendemain du coup d’État du 30 août 2023, plus précisément au mois de septembre.
Alors que sieur Ankely a été intégré dans la conduite d’une nouvelle task-force, il est légitime de s’interroger sur les raisons pour lesquelles une personne ayant échoué à la tête d’une structure se voit confier de nouvelles responsabilités. Le dire, c’est faire preuve de lucidité, surtout en ces temps où le pays est sur la voie de la restauration de tout.
L’ANAVEA avait été instituée dans un contexte où la nécessité de renforcer la transparence et l’efficacité des institutions publiques se faisait impérieuse. Toutefois, malgré des ambitions affirmées, cet organisme a rapidement été critiqué pour son inefficience. En effet, au bout de seulement trois années d’existence, le Conseil des ministres a décidé de la dissoudre, invoquant un manque de résultats probants et une incapacité à satisfaire les attentes des plus hautes autorités. Cette dissolution a été perçue comme un échec retentissant, non seulement pour l’agence elle-même, mais également pour son directeur, John Marchos Ankely.
La dissolution de l’ANAVEA avait eu des conséquences significatives sur le paysage institutionnel et c’est le lieu de le dire. Par cette décision, le CTRI avait souhaité envoyer un message fort sur l’exigence de rendre des comptes et d’assurer l’efficacité des structures publiques. En remplaçant l’ANAVEA par le Contrôle général d’État, le gouvernement avait cherché à établir un cadre plus rigoureux pour le contrôle et l’audit des activités publiques. Toutefois, c’est encore le cas de dire que cette transition a également mis en exergue des interrogations sur le sort réservé à ceux qui avaient été à la tête de l’institution dissoute.
En dépit de la dissolution de l’ANAVEA, John Marchos Ankely a été intégré à la task-force actuelle. Pour nombre d’observateurs, cette nomination apparaît comme contradictoire. Comment une personne dont la gestion a été jugée insatisfaisante peut-elle se voir confier de nouvelles responsabilités dans un contexte où la confiance des populations est déjà ébranlée ? Cette interrogation prend d’autant plus de relief dans un climat où les gabonais exigent de leurs dirigeants qu’ils fassent preuve d’exemplarité et de responsabilité.
L’intégration de sieur Ankely, qui est un compatriote avec un excellent background, à la task-force engendre des questions cruciales en matière de responsabilité et de transparence. Dans une démocratie, il est fondamental que les dirigeants rendent des comptes, en particulier après un échec manifeste. La nomination d’un ancien directeur d’une agence dissoute doit être aujourd’hui perçue comme un manque de considération à l’égard des attentes des populations. Cela amène également à s’interroger sur les critères de sélection pour les postes au sein des institutions publiques. Quelles compétences sont réellement valorisées ? L’expérience, même en cas d’échec, suffit-elle à justifier une nouvelle responsabilité ?
Voici les vraies questions.