Gabon : Un référendum sous tension pour le PDG

Alors que le Gabon se prépare à un référendum déterminant, les remous au sein de la classe politique se multiplient, en particulier au sein du Parti Démocratique Gabonais (PDG).

Cette formation, historiquement dominante, traverse une zone de turbulence alors que plusieurs de ses membres éminents affichent leur soutien au président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Cette prise de position suscite des interrogations sur les véritables intentions derrière la nouvelle constitution, certains observateurs y voyant une manœuvre subtile pour renforcer l’assise du régime actuel.

Le référendum à venir ne se limite pas à revisiter des aspects constitutionnels. Il cristallise également les tensions politiques d’un Gabon en pleine mutation. Depuis l’éviction d’Ali Bongo Ondimba, le PDG, longtemps hégémonique, se trouve dans une position délicate, partagé entre son passé et les aspirations d’un renouvellement. Le soutien affiché par une frange de ses cadres envers Brice Oligui Nguema pose ainsi la question de la pérennité du parti dans ce contexte de transition. Mais plus encore, il interroge sur la sincérité de ce soutien, dans un climat où le PDG est largement perçu comme responsable du déclin économique et politique du pays.

Les déclarations de soutien au « oui » du PDG n’ont pas manqué de susciter de vives réactions au sein de l’opinion publique. Pour de nombreux Gabonais, ce parti, qui a dirigé le pays pendant des décennies, est considéré comme l’un des principaux artisans du déclin du Gabon, marqué par une mauvaise gouvernance, la corruption et une gestion inefficace des ressources nationales. Le fait que ses dirigeants tentent de s’insérer dans la nouvelle configuration politique après la chute du régime Bongo est perçu par beaucoup comme une manœuvre opportuniste, plutôt qu’un véritable engagement pour la transition.

Le soutien du PDG à Oligui Nguema : un risque pour la crédibilité de la Transition ?

La question qui se pose est de savoir si le soutien du PDG à Brice Clotaire Oligui Nguema ne risque pas de nuire à sa légitimité. En effet, associer le président de la Transition à une formation politique responsable du déclin du pays pourrait fragiliser sa légitimité, notamment auprès des populations qui aspirent à un véritable changement. Pour certains, ce rapprochement pourrait être perçu comme un retour à des pratiques et figures du passé, éloignant ainsi la promesse de renouveau qui a émergé après la chute d’Ali Bongo. Par ce soutien, le PDG pourrait chercher à maintenir son influence, mais cela pourrait avoir l’effet inverse en ternissant l’image de neutralité et d’indépendance que la Transition souhaite projeter.

Parmi les voix critiques, celle de Marcel Libama résonne particulièrement fort. Ce syndicaliste, connu pour son franc-parler, n’a pas hésité à dénoncer ce qu’il perçoit comme une « entourloupe » orchestrée par le PDG. Selon lui, le référendum servirait avant tout à préserver les intérêts d’une élite en mal de légitimité, tout en offrant une façade de légalité à des ambitions moins nobles. Cette analyse trouve un écho non seulement auprès de certaines franges de l’opposition et de la société civile, mais aussi parmi les populations qui voient dans ce scrutin un risque de reconduction des mêmes pratiques ayant conduit à l’impasse actuelle.

La situation actuelle offre un aperçu des luttes d’influence qui se jouent en coulisses. Les divergences au sein du PDG témoignent d’une recomposition politique inévitable. Tandis que le parti se cherche un nouveau souffle, ses membres se positionnent de manière pragmatique en fonction des réalités du moment. Le référendum pourrait ainsi marquer un tournant vital dans la trajectoire politique du pays, redessinant les équilibres de pouvoir entre acteurs traditionnels et émergents.

Ce climat d’incertitude autour du référendum révèle, en filigrane, les profondes mutations qui attendent le Gabon dans les mois à venir. L’enjeu va bien au-delà des simples ajustements institutionnels : il s’agit de déterminer quel rôle chaque acteur jouera dans la configuration politique à venir. De son côté, Alain Claude Billie by Nze semble faire cavalier seul. L’ancien Premier ministre d’Ali Bongo semble avoir perdu tous ses repères.

Franck Charly Mandoukou

Directeur de la publication, Journaliste libre et indépendant. Gabon infos,Toute l'information du Gabon. Les dernières actus, la politique, l'économie, la société, la culture, la justice, les faits divers...