A Libreville, le 14 juin 2024, les partis politiques membres de l’Appel d’Angondjé ont exprimé leur vive préoccupation concernant l’urgence et l’empressement du ministère de l’Intérieur de la Transition à faire adopter une nouvelle loi électorale. Cette inquiétude intervient alors que le pays est en proie à une dégradation de sa situation, dix mois après un coup d’État qualifié de libérateur.
Joachim Mbatchi Pambou, porte-parole des partis de l’Appel d’Angondjé, a soulevé plusieurs questions lors d’une conférence de presse. « Comment comprendre que pour une élection référendaire, on soit amené à commettre l’inceste démocratique ? Comment peut-on penser organiser une élection sans associer la classe politique ? », a-t-il demandé. Il a rappelé que la population gabonaise avait accueilli avec joie les résultats électoraux annoncés par le Centre gabonais des élections (CGE) le 30 août 2023, pensant ainsi sortir de la dictature et du totalitarisme.
Cependant, le projet de loi adopté en Conseil des ministres suscite de vives inquiétudes. « Nous voulons nous interroger sur le projet réel du CTRI (Comité de Transition pour la Restauration des Institutions). Cette question essentielle nous permettra de comprendre que le ministère de l’Intérieur est en réalité le bourreau de notre démocratie », a déclaré Mbatchi Pambou. Il a ajouté que les diverses modifications et errements contenus dans la proposition de loi du gouvernement finiront par créer un reflux dans la conscience collective des Gabonais.
L’Appel d’Angondjé demande l’arrêt du processus d’organisation des élections référendaires, estimant qu’il ne repose sur aucun fondement juridique. « Sinon, que ferons-nous si le non l’emportait au prochain référendum ? », a questionné le porte-parole. Il a invité le chef de l’État à recevoir la classe politique par groupe pour convenir des modalités de mise en œuvre des mesures électorales qui satisfont la démocratie.
L’Appel d’Angondjé suggère également que le ministère de l’Intérieur ne devrait pas organiser les élections, mais plutôt mettre en place des instruments permettant une organisation saine des élections. Il propose la mise en place d’une commission électorale de transition pour organiser ces élections. Depuis 1990, la déchéance démocratique connue par le Gabon est souvent attribuée aux ministères de l’Intérieur, avec des élections contestées en 1993, 1998, 2009 et 2016.
La situation politique au Gabon reste donc tendue, avec des acteurs politiques demandant plus de transparence et d’inclusion dans le processus électoral. L’Appel d’Angondjé, en particulier, appelle à une transition vertueuse assurant à la République les promesses d’un avenir meilleur avec à terme l’instauration d’un État de droit démocratique.