Depuis 2018, notre pays se trouve dans une crise politique profonde dont les dégâts sont incommensurables. Que ce soit du point de vue économique, social ou politique, notre pays s’enfonce de plus en plus dans un abîme dont il faudra une génération pour s’en sortir, et encore, à condition que les futurs dirigeants soient à la hauteur de la tâche de bâtir une vraie Nation en marche pour un vrai développement humain.
Le Pouvoir de Transition actuel, ne peut prétendre à lui tout seul remettre sur les rails notre pays. Ce n’est pas parce que, comme d’habitude, des opportunistes ont rejoint ce pouvoir, sans être élus, que cela changera quoi que ce soit. On ne restaure pas une Nation avec une équipe hétéroclite, sans une seule vision commune de ce qu’il y a à bâtir.
L’organisation des élections, confiée au ministère de l’Intérieur ne favorise pas du tout la confiance, condition nécessaire à toute tentative de reconstruction. Ce n’est pas avec le prochain référendum dont la portée n’est même pas symbolique, que l’on va commencer à bâtir quelque chose de solide.
Le Comité pour la transition et la restauration (CTRI), s’est engagé dans un processus choisi par lui-même. Tout ce qu’il a pu faire ou pourra faire, ne pourra durer et tenir dans le temps. Quand on imagine la pseudo-mouture de la Constitution gabonaise qui devrait être présentée cette semaine au président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, on ne peut y voir qu’un empilement d’idées inapplicables, et en premier lieu par les tenants du pouvoir actuel. Le rapport du Dialogue National Inclusif (DNI) qui contient des « propositions qui ne sont que des recommandations qui n’ont pas automatiquement force de loi », ne peut être la mouture de la Constitution gabonaise. Par principe même, la Loi Fondamentale est faite pour régir la vie de la Nation.
On voit bien donc que le CTRI n’a qu’un seul objectif : rester le plus longtemps possible au pouvoir après les élections. Ce pouvoir n’a même pas l’intention de véritablement restaurer quoi que ce soit. Quand bien même il y aurait une once d’ambition dans ce sens, cela ne pourra jamais marcher car, comme pour un bâtiment, on ne peut construire sans une vraie équipe rassemblée autour d’un véritable projet validé par tous. Il faut des fondations solides pour pouvoir bâtir dans la durée. Or politiquement le pouvoir de transition actuel n’est qu’un attelage hétéroclite sans vision commune, hormis ce que j’ai cité : rester au pouvoir et profiter des privilèges que cela procure.
Le CTRI essaie donc de restaurer sans vision d’équipe et sur du sable. Et comme les constructions de châteaux de sable, tout ceci sera balayé par le temps et l’histoire, et plus rien ne restera.
Il faut être aveugle et sourd pour ne pas voir et entendre ce qui se passe. Ou alors, il faut être autiste comme l’a été Ali Bongo lors de son second mandat.
Bien sûr qu’il faut du temps au temps, donc il n’est jamais trop tard pour bien faire. C’est de cette notion de temps que le pouvoir de transition actuel a du mal à tenir compte. Pressé tout simplement par le temps (ce qui est un paradoxe), il s’est engagé sur des chemins sans lendemain, alors que la première chose à faire est de gagner la confiance de tout le monde. On en est bien loin.
Mais la confiance, cela ne se décrète pas, cela ne s’impose pas par la fourberie ou l’intimidation. Elle se mérite tout simplement. Mais pour cela, il faut une vision partagée, une vraie équipe et un vrai projet. Juste pour essayer de sortir du bourbier où l’ancien régime nous a conduit. À qui va-t-on faire croire que l’adoption finale par référendum en décembre prochain de la mouture de la Constitution gabonaise, est un signe de « confiance » qui permet d’avancer ?
Il y a longtemps que je dis que la confiance ne peut revenir que par une vraie élection présidentielle qui nous permettra à tous de choisir celui qui est digne de nous représenter. Cela aura le mérite de ne plus être en présence de l’imposture (ce n’est pas une insulte car cela veut dire tout simplement « Action de se faire passer pour un autre »).
Mieux vaut commencer par restaurer une petite case où toute la famille se sent bien, et que l’on est sûr de réaliser, que projeter de bâtir un immeuble sans fondation qui va s’écrouler avant même d’être terminé.
On a déjà perdu beaucoup de temps, et la génération future continuera de payer les notes salées d’un véritable gâchis.
Oui, un vrai gâchis insupportable.
Pierre Parfait Mbadikumbe
Journaliste/Rédacteur/Consultant communication