Libreville, 5 septembre 2024-
La plateforme citoyenne « Référendum, je vote NON », menée par plusieurs acteurs politiques et de la société civile, a été entendue ce jeudi 5 septembre 2024 par la Cour Constitutionnelle du Gabon. À l’origine de cette audition se trouve une requête déposée par la plateforme contestant certaines dispositions du nouveau code électoral récemment promulgué par le Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema.
La plateforme, représentée par Marc Ulrich Malekou ma Malekou, Victor Mouangue Mbadingue et bien d’autres ont vivement critiqué des articles qu’elle estime contraires aux principes de l’éthique politique et au pluralisme démocratique. « Nous espérons que le droit et la justice triompheront, loin des années sombres de la justice aux ordres, telles que nous les avons connues sous le tristement célèbre magistère de Marie Mademoiselle Mborantsuo », a déclaré M. Malekou lors de son allocution devant les juges constitutionnels.
Une contestation au cœur de la Transition
La promulgation du nouveau code électoral par le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, s’inscrit dans une série de réformes visant à refonder les institutions gabonaises dans le cadre du processus de transition en cours. Cependant, certaines dispositions de ce texte ont suscité l’inquiétude de divers acteurs politiques, dont ceux de la plateforme « Référendum, je vote NON », qui dénoncent des mesures qu’ils jugent restrictives et en contradiction avec les valeurs démocratiques.
Ces derniers estiment que certaines règles électorales risquent de nuire à la diversité politique et de fragiliser le principe du pluralisme, essentiel à la démocratie gabonaise. Ils appellent la Cour Constitutionnelle à examiner leur requête avec impartialité et à veiller à ce que les droits démocratiques du peuple soient respectés.
La référence à Marie Madeline Mborantsuo, ancienne présidente de la Cour Constitutionnelle sous les régimes précédents, a souligné les craintes de la plateforme quant à une possible instrumentalisation de la justice. Sous son mandat, de nombreuses décisions judiciaires controversées avaient suscité des accusations de partialité et de soumission aux pouvoirs en place.
En s’exprimant ainsi, la plateforme appelle à une rupture nette avec ce passé et à l’établissement d’une justice réellement indépendante sous la transition. Leur espoir est que cette audition devant la Cour Constitutionnelle soit un exemple de transparence et d’équité, loin des pratiques jugées arbitraires qui avaient marqué les précédentes administrations.
Le rôle important de la Cour Constitutionnelle
Cette audition intervient à un moment important pour la transition gabonaise. La Cour Constitutionnelle, qui joue un rôle central dans la supervision des réformes institutionnelles, se trouve face à un dilemme majeur : celui de concilier les aspirations de pluralisme démocratique avec la nécessité de garantir un cadre électoral stable et rigoureux pour l’avenir politique du Gabon.
Alors que le projet de nouvelle constitution doit être prochainement examiné par le Parlement de la Transition, avant d’être soumis à un référendum populaire, la décision de la Cour sur le code électoral pourrait avoir un impact considérable sur la suite du processus.
La plateforme « Référendum, je vote NON » a réitéré son engagement à continuer de lutter pour des réformes électorales inclusives et respectueuses des principes démocratiques. L’issue de leur requête devant la Cour Constitutionnelle est désormais attendue avec impatience, non seulement par les membres de la plateforme, mais également par une grande partie de l’opinion publique gabonaise, soucieuse de voir émerger des institutions solides et transparentes.
Il reste à voir si la Cour, sous la présidence actuelle, saura répondre aux attentes de justice et d’équité exprimées par les membres de la plateforme, et par-delà, par
l’ensemble des Gabonais.