Depuis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’Action de Beijing lors de la 4ème Conférence Mondiale sur les Femmes en 1995, le Gabon a entrepris des efforts notables pour renforcer les droits des femmes et promouvoir l’égalité des genres.
Les pages 105 à 109 de ces documents établissent un cadre stratégique pour les gouvernements et les sociétés du monde entier, y compris le Gabon, afin de mettre fin à la discrimination et à la violence à l’égard des femmes. Plus de 25 ans après cette conférence historique, quel est le bilan du Gabon en matière de parité et d’émancipation des femmes ?
Une Approche Progressiste en Santé et Éducation
Le Programme d’Action de Beijing met l’accent sur la santé des femmes, soulignant l’importance de l’accès à des soins de santé de qualité, y compris la santé reproductive. Le Gabon a intégré cette priorité dans son agenda national à travers des programmes de santé ciblant spécifiquement les femmes. Le pays a lancé l’Assurance Maladie Universelle (CNAMGS) et des initiatives telles que le Programme Gabon Égalité, qui inclut des campagnes de sensibilisation sur la santé reproductive et les droits des femmes en matière de santé.
Sur le plan éducatif, le Gabon a également fait des progrès en assurant un accès presque égal à l’éducation pour les filles et les garçons au niveau primaire. Les taux de scolarisation des filles ont augmenté, bien que des défis demeurent pour leur maintien dans les filières scientifiques et technologiques, ce qui limite leur participation future à certains secteurs économiques. Le Programme d’Action de Beijing appelle à renforcer la formation des filles dans les domaines STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques), une recommandation que le Gabon a commencé à intégrer à travers divers partenariats avec l’UNESCO et d’autres organismes.
Lutte contre la Violence Basée sur le Genre
Malgré des avancées, la violence contre les femmes reste un problème majeur au Gabon. Selon des rapports récents, de nombreuses femmes continuent de subir des violences domestiques et des abus sexuels. En réponse, le Gabon a adopté des lois pour punir ces violences, notamment à travers la révision de son Code Pénal en 2019, qui prévoit des sanctions plus sévères pour les auteurs de violences sexuelles et conjugales. De plus, le gouvernement, avec le soutien des organisations internationales comme ONU Femmes, a lancé des campagnes de sensibilisation à grande échelle pour changer les mentalités et encourager les victimes à briser le silence.
Le Programme d’Action de Beijing recommande aussi la création de centres d’accueil et de soutien pour les femmes victimes de violences. Le Gabon a ainsi ouvert plusieurs centres d’écoute et de prise en charge pour les victimes, bien que l’accès à ces services reste parfois limité en dehors des grandes villes.
Participation Politique et Économique : Un Objectif en Cours de Réalisation
L’une des recommandations clés de la Déclaration de Beijing est d’accroître la participation des femmes aux postes de décision. Au Gabon, des progrès sont notables, avec un nombre croissant de femmes occupant des postes ministériels et siégeant au Parlement. La nomination d’une femme au poste de Premier Ministre en 2020 est un symbole fort de l’engagement du pays à promouvoir l’égalité dans la sphère politique.
Cependant, la représentation des femmes dans les secteurs économiques et dans le secteur privé demeure faible. La Déclaration de Beijing recommande la mise en place de mesures spécifiques, comme des quotas de genre, pour remédier à cette sous-représentation. Le Programme Gabon Égalité a déjà mis en place des initiatives pour soutenir l’entrepreneuriat féminin et encourager les entreprises à adopter des politiques de diversité et d’inclusion.
Défis Persistants et Recommandations
Malgré les avancées significatives, de nombreux défis restent à relever au Gabon pour atteindre pleinement les objectifs de la Déclaration de Beijing :
– Disparités économiques : Les femmes sont surreprésentées dans le secteur informel et souffrent d’inégalités salariales. La Déclaration de Beijing recommande des politiques de soutien spécifiques, comme l’accès au crédit et aux ressources économiques.
– Accès limité aux services de soutien : Les services de santé mentale et d’accompagnement juridique pour les victimes de violences restent insuffisants.
– Stéréotypes de genre : La persistance de stéréotypes culturels freine l’accès des femmes aux postes de leadership, tant dans le secteur public que privé.
Pour surmonter ces défis, le Gabon pourrait intensifier la mise en œuvre des objectifs du Programme d’Action de Beijing en collaboration avec les acteurs nationaux et internationaux. Le renforcement des capacités institutionnelles, la mise en place de politiques de discrimination positive et le soutien aux organisations de la société civile œuvrant pour les droits des femmes sont autant de leviers qui pourraient permettre au pays de progresser vers une réelle égalité des genres.
En somme, la Déclaration de Beijing reste un document de référence pour guider le Gabon dans ses efforts de promotion de l’égalité des genres. Alors que le pays a déjà pris des mesures louables pour concrétiser ces engagements, un travail de fond est encore nécessaire pour transformer ces politiques en réalités palpables pour toutes les femmes gabonaises. À travers une mobilisation continue et un partenariat renforcé avec les acteurs internationaux, le Gabon peut tracer une voie exemplaire pour l’égalité des genres en Afrique et dans le monde.
