Gabon : Joachim Mbatchi monte au créneau pour des élections présidentielles anticipées

Dans un discours de nouvel an remarqué, Joachim Mbatchi Pambou, figure montante de du paysage gabonais et président du Forum pour la Défense de la République (FDR), a lancé un appel retentissant pour l’organisation anticipée de l’élection présidentielle. Cette sortie médiatique intervient dans un contexte politique particulièrement sensible, alors que le pays traverse une période de transition militaire depuis le changement de régime d’août 2023.

 

Un timing stratégique

 

Le choix du moment n’est pas anodin. Après une année 2024 marquée par d’importantes réformes institutionnelles, notamment l’adoption d’une nouvelle Constitution par référendum, le leader politique estime que le terrain est désormais propice pour envisager un retour accéléré à l’ordre constitutionnel. « Je formule le vœu d’un Gabon plus juste, plus démocratique et plus prospère pour tous », a-t-il déclaré, avant d’appeler « solennellement à l’anticipation de l’élection présidentielle dans un délai temporel raisonnable. »

 

Des arguments qui font mouche

 

L’argumentaire de Joachim Mbatchi Pambou en faveur d’élections anticipées repose sur une analyse rigoureuse de la situation actuelle du pays. Le président du Forum pour la Défense de la République met notamment en avant le succès incontestable du récent référendum constitutionnel. Cette consultation nationale a clairement démontré la maturité démocratique du Gabon et sa capacité à organiser des scrutins d’envergure dans des conditions satisfaisantes.

 

Par ailleurs, le leader politique souligne l’avancement significatif des travaux du Comité de Rédaction du Code électoral, un organe crucial dont la mission touche à sa fin. Cette progression dans l’établissement du cadre juridique électoral constitue selon lui un signal fort en faveur d’une accélération du processus démocratique.

 

Le contexte social vient également renforcer sa position. Face aux défis quotidiens que rencontrent les Gabonais, particulièrement la persistance de la vie chère et un chômage massif qui ne faiblit pas, l’organisation d’élections apparaît comme une réponse nécessaire aux attentes de la population. Pour Mbatchi Pambou, le retour à un fonctionnement institutionnel normal permettrait de mieux répondre aux préoccupations sociales urgentes des citoyens.

 

Des inquiétudes sur le processus électoral

 

Le président du FDR ne manque pas de pointer du doigt ce qu’il considère comme des dérives dangereuses pour le processus démocratique. Il dénonce notamment « la révision unilatérale de la liste électorale par le ministère de l’Intérieur », qu’il qualifie de « violation flagrante de la loi n°07/96 du 12 mars 1996 ». Une critique d’autant plus pertinente que le nouveau code électoral est encore en cours d’élaboration.

 

 Un appel qui résonne avec l’actualité

 

Cette demande d’élections anticipées s’inscrit dans un contexte plus large de transformation politique au Gabon. Alors que le CTRI (Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions) a engagé de nombreuses réformes, M. Mbatchi Pambou estime que « la transition ne peut réussir que si et seulement si, elle répond aux aspirations profondes du peuple gabonais souverain dans le strict respect de la démocratie participative. »

 

 Des enjeux cruciaux pour 2025

 

L’organisation d’élections anticipées soulève plusieurs défis majeurs qui doivent être soigneusement considérés. Sur le plan technique et logistique, la mise en place d’un scrutin présidentiel nécessite une préparation rigoureuse incluant l’installation des bureaux de vote, la formation du personnel et la sécurisation du matériel électoral. La transparence et l’équité du processus doivent être garanties à travers un accès équitable aux médias pour les candidats, une supervision indépendante et des mécanismes de recours efficaces. Enfin, l’établissement d’un calendrier de transition consensuel, accepté par l’ensemble des forces politiques, est crucial pour éviter les tensions et préserver la stabilité du pays.

 

Cette prise de position courageuse de Joachim Mbatchi Pambou pourrait bien catalyser le débat politique au Gabon en ce début d’année 2025. Elle met en lumière l’urgence d’une feuille de route claire pour le retour à l’ordre constitutionnel, tout en soulignant l’importance d’un processus électoral transparent et inclusif.

 

La balle est désormais dans le camp du CTRI et de son président, le Général Oligui Nguema, dont la réponse à cet appel sera scrutée de près, tant par les acteurs politiques nationaux que par la communauté internationale.

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