À l’heure où les smartphones sont devenus le prolongement naturel de nos mains, la Chambre de Commerce de Libreville a accueilli ce 11 janvier une journée pas comme les autres. Dans une salle comble, parents inquiets, éducateurs attentifs et adolescents curieux se sont réunis autour d’un sujet qui ne peut plus attendre : la protection des enfants dans le monde numérique.

« Il est de notre devoir de travailler ensemble pour protéger ces jeunes générations », a lancé d’emblée Florence Lengoumbi Kouya, présidente d’ISOC Gabon, donnant le ton d’une journée riche en échanges. Face à l’augmentation « exponentielle » de l’accès à Internet au Gabon, son message résonne comme un appel à l’action collective.
La parole aux premiers concernés
L’originalité de cette rencontre, orchestrée par l’Internet Society Chapitre du Gabon en collaboration avec une dizaine d’institutions nationales et internationales, réside dans la place donnée aux jeunes. Leurs témoignages, aussi francs que lucides, ont marqué les esprits.
« Maman me prend le téléphone pendant les périodes de cours », confie Amogue Biyo’o Morelia, élève au Lycée Paul Indjendjet Ngondjout, avec un sourire qui en dit long sur les négociations familiales autour du temps d’écran. « Je le récupère le week-end, juste pour avoir les exercices dans le groupe de classe », précise-t-elle, illustration parfaite d’un usage raisonné des outils numériques.

Entre TikTok et cahiers : le grand écart
« J’aurais plus de temps sur les réseaux comme WhatsApp, TikTok surtout, que sur mes cahiers », reconnaît sans détour Kamoua Lamine Junior, élève en Terminale CG au lycée Capitaine Charles Ntchorere. Son honnêteté fait mouche dans l’assemblée. « C’est quelque chose où il faut vraiment beaucoup remédier », ajoute-t-il, conscient des enjeux.
Cette journée a mis en lumière le paradoxe auquel font face les jeunes Gabonais : un internet devenu indispensable pour les études – « des évaluations, des devoirs qu’on ne trouve plus quasiment en physique », comme le souligne un élève – mais qui peut aussi devenir un piège chronophage, voire dangereux.
Des solutions concrètes
L’événement ne s’est pas contenté de dresser un constat. Des experts ont animé des sessions thématiques, proposant des outils pratiques : paramètres de sécurité, contrôle parental, mais aussi dialogue familial autour des usages numériques. « On utilise le téléphone devant les parents, d’une heure à une certaine heure », suggère un participant, résumant une approche qui fait consensus.

L’UNICEF, l’UNESCO, mais aussi les opérateurs télécoms comme MOOV Africa Gabon Telecom et Airtel, présents à l’événement, ont rappelé leur engagement dans ce combat pour un internet plus sûr. La présence des régulateurs (ARCEP, APDPVP) témoigne d’une volonté d’aborder le sujet sous tous ses angles.
« Les enfants et les jeunes ne peuvent être protégés à 100% par le simple blocage de contenu », a rappelé la présidente d’ISOC Gabon, soulignant l’importance d’une approche éducative plutôt que purement restrictive.
Cette journée marque une étape importante dans la protection des enfants en ligne au Gabon. Elle rappelle que face aux défis du numérique, la solution passe par une alliance entre technologies, éducation et dialogue intergénérationnel. Un message qui, à en juger par l’attention des participants, a trouvé son public.
Les sourires sur les visages à la sortie de la Chambre de Commerce en disent long : la génération Z gabonaise est peut-être plus consciente des enjeux numériques qu’on ne le pense. Reste maintenant à transformer ces prises de conscience en habitudes durables.
