Gabon : Les retraités du privé dénoncent une « politique sociale à deux vitesses »

Dans une déclaration cinglante, l’Association Nationale des Retraités du Gabon (ANAREG) a dressé un constat alarmant de la situation des retraités du secteur privé, six mois après le « coup de libération » mené par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Par la voix de sa présidente Bernadette Owono Mba, l’association pointe du doigt un traitement discriminatoire entre les pensionnés du public et du privé.

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« Pourquoi deux poids deux mesures ? » s’interroge l’ANAREG, alors que les retraités du secteur public ont récemment bénéficié d’une revalorisation de leurs pensions, laissant leurs homologues du privé dans l’expectative. Une situation d’autant plus incompréhensible que « tous les retraités sont soumis au même environnement de consommation et aux mêmes besoins fondamentaux », souligne l’association.

 

Le nœud du problème réside dans la gestion de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), héritière d’une situation catastrophique de l’ancien régime. Si l’ANAREG reconnaît certaines avancées sous la nouvelle direction – notamment la régularisation des pensions en retard et le paiement à échéance des prestations – elle fustige l’immobilisme sur la question cruciale des revalorisations. Les pensions du secteur privé n’ont pas été réévaluées depuis 1975, une situation anachronique face à l’inflation galopante.

 

L’association pointe également du doigt le rôle ambivalent du patronat gabonais, qu’elle accuse de faire preuve d’un « manque d’empathie » envers ses anciens employés. Plus surprenant encore, l’ANAREG dénonce l’absence de représentation des retraités au sein des conseils d’administration des organismes de prévoyance sociale, une anomalie au regard des pratiques en vigueur dans d’autres pays de la zone CIPRES.

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La multiplication des séminaires et études sur la réforme de la CNSS suscite également l’irritation de l’association, qui y voit une stratégie dilatoire. « Pourquoi vouloir tourner en rond ? Pour gagner du temps ou noyer le poisson ? » s’interroge sa présidente, rappelant que de nombreuses propositions concrètes ont déjà été formulées lors de précédentes assises.

 

Cette grogne croissante des retraités du privé constitue un défi majeur pour le gouvernement de transition, déjà confronté à de nombreux chantiers sociaux. L’ANAREG prévient : la « désillusion se transforme progressivement en grogne latente » qui pourrait finir par s’exprimer plus vivement si des mesures concrètes ne sont pas rapidement adoptées.

 

Au-delà des revendications corporatistes, ce dossier soulève la question plus large de l’équité dans la politique sociale du nouveau régime. La promesse d’une « rupture » avec les pratiques de l’ancien pouvoir se heurte ici à la réalité d’une administration encore marquée par ses vieux réflexes et ses pesanteurs.

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