Ce samedi 8 février 2025, le Rassemblement Pour le Gabon (RPG) a marqué son retour sur la scène politique avec une rentrée solennelle sous le thème évocateur : « Faire du Gabon une République ». Un choix de thématique loin d’être anodin pour ce parti historique, qui semble vouloir tourner la page d’un passé marqué par des pratiques politiques souvent décriées. Devant une assemblée composée de militants fervents, de membres du bureau national et de délégations de partis alliés comme le RDPG, MORENA, UNI et La PG 41, le président du RPG, Laurent Angue Mezui, a prononcé un discours qui pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire politique du Gabon.

Un discours grave et engagé
Le visage empreint de gravité, Laurent Angue Mezui a ouvert son allocution en réaffirmant son soutien au Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI) et à la candidature potentielle du général Brice Clotaire Oligui Nguema. Un soutien qui n’est pas sans rappeler l’engagement du RPG en faveur des institutions transitionnelles, mais qui, cette fois, s’accompagne d’une critique acerbe des pratiques politiques passées.

Le président du RPG a dénoncé avec force le « psittacisme« , le plagiat et les projets « copiés-collés » qui, selon lui, ont conduit le Gabon dans une impasse. « Nous savons que tous ces copiés-collés nous mènent droit vers l’échec. Avec eux, nous demeurons les éternels consommateurs », a-t-il déclaré, appelant à une rupture radicale avec les méthodes de gouvernance héritées du passé.
Une République réinventée
Pour le RPG, « faire du Gabon une République » passe par une reconstruction totale du système démocratique. Angue Mezui a insisté sur la nécessité de créer les conditions d’une paix sociopolitique durable, favorisant un climat des affaires propice à l’investissement. Il a également plaidé pour une justice impartiale, équitable et indépendante, capable de sécuriser les citoyens plutôt que de les opprimer.

« Dans nos traditions, il est demandé à celui qui exerce l’autorité dans une communauté humaine d’être juste, probe, fidèle et respectueux des décisions prises pour la communauté », a-t-il rappelé, soulignant que c’est en redonnant à l’action politique ses lettres de noblesse que le Gabon pourra produire un nouveau discours politique, porteur de progrès et de développement durable.
Sortir du régionalisme et du clanisme
Le président du RPG n’a pas manqué de pointer du doigt les maux qui rongent la société gabonaise, notamment le régionalisme et le clanisme. « Au terme de la Transition née le 30 août 2023, notre Gabon doit bannir la guerre des clans et des camps« , a-t-il martelé, appelant à transcender les obédiences idéologiques et religieuses pour mieux recoudre le tissu social.

Il a également insisté sur la nécessité de construire un « EKAMA« , un véritable moteur du changement économique, politique, social et culturel. « Le changement dont il est question ici ne consiste pas à abandonner purement et simplement tout ce qui existe, mais à le transformer en lui ajoutant des éléments nouveaux pour arriver à une pratique nouvelle et moderne », a-t-il expliqué.

Le RPG propose une démocratie « conviviale, inclusive et participative », s’appuyant sur les dimensions culturelles nationales et donnant la voix à chaque citoyen. « Voilà pourquoi nous sommes favorables à la représentation proportionnelle intégrale pour les élections locales et législatives », a déclaré Angue Mezui, suggérant également la mise en place d’un Haut Conseil des Sages, composé de deux membres par province, pour conseiller les autorités sur les questions stratégiques.
Réformer l’éducation et la santé
Le discours du président du RPG a également abordé les questions cruciales de l’éducation et de la santé. Il a déploré les années académiques interminables et les programmes scolaires inconnus et incontrôlés, proposant la création d’un Conseil National à l’Éducation (CNE) pour sortir des approches politiciennes.

En matière de santé, Angue Mezui a critiqué le système actuel, qualifié de « business« , et a appelé à la mise en place d’un Conseil National à la Santé (CNS) pour redonner à l’hôpital public sa fonction sociale. « Avant l’Indépendance, la santé était gratuite. Aujourd’hui, ce système s’est écroulé », a-t-il rappelé, appelant à un retour aux fondamentaux.
Une nouvelle politique sociale et de l’habitat
Le RPG propose une politique sociale concrète, axée sur l’équité et l’accès aux services de base pour tous. « L’équité sociale, base de la République, impose que l’État prenne en charge prioritairement la santé, l’éducation et l’habitat », a déclaré Angue Mezui, résumant cette politique par le slogan : « École cadeau, Hôpital cadeau, Toit et Travail pour Tous ».

En matière d’habitat, le RPG propose une politique de « Toit pour Tous », visant à résorber le déficit en logements et à garantir l’accès à la propriété pour tous les Gabonais. « Le Gabon, c’est aussi ce pays au monde où les étrangers, à peine arrivés sur son sol, possèdent des titres fonciers et vendent des terrains aux Gabonais dans leur propre pays », a-t-il dénoncé, appelant à une révision des politiques foncières.
Un appel à l’unité et à la responsabilité
Laurent Angue Mezui a finalement lancé un appel à l’unité et à la responsabilité. « Nous sommes tous des Gabonais, et nous devons prendre conscience de notre qualité et toujours remercier l’Éternel de nous avoir réunis ensemble », a-t-il déclaré, appelant à construire un Gabon où les chances sont égales pour tous, où les institutions reflètent la diversité sociale, et où le respect des droits de l’homme est une priorité.
Le RPG, sentinelle de la Transition, a réaffirmé son soutien ferme au CTRI et à son président, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, se disant prêt à le soutenir s’il se déclare candidat à l’élection présidentielle du 12 avril prochain. « N’ayez crainte de rien, Monsieur le président, le RPG est derrière vous comme il a été en 2005 avec Omar Bongo », a conclu Angue Mezui, sous les applaudissements de l’assemblée.
Ce discours, à la fois critique et visionnaire, marque un tournant dans l’histoire politique du Gabon. Reste à voir si les mots du RPG se traduiront en actions concrètes pour « faire du Gabon une République ».
