Ambitions Présidentielles au gabon : la voix de la rupture s’élève à libreville

Dans une atmosphère électrique, au sens propre comme au figuré, Joseph Lapensée Essingone a fait trembler les murs de la Chambre de commerce de Libreville ce lundi 17 février 2025. Face à une salle moite, privée de climatisation par les sempiternelles coupures de courant, le candidat à la présidentielle d’avril 2025 a livré un discours poignant, où la sueur qui perlait sur les fronts semblait donner plus de poids encore à ses paroles.

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« Le Gabon est un train qui a déraillé. » La métaphore, lancée d’une voix grave, résonne comme un diagnostic sans appel de l’état du pays. Dans cette salle surchauffée, où les ventilateurs inertes narguent l’assistance, la démonstration n’a pas besoin d’être plus explicite.

 

Le nouveau venu sur la scène politique gabonaise ne mâche pas ses mots. Avec l’audace des outsiders et la précision d’un chirurgien, il dissèque les maux qui rongent la République : « L’État n’est plus respecté, les ministres ne sont plus respectés, les députés ne sont plus respectés… » La litanie des institutions déchues s’égrène comme un chapelet de désillusions.

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Mais c’est quand il aborde la caution présidentielle de 30 millions de francs CFA que sa voix prend des accents de révolte. « Un sabot », dénonce-t-il, « une mascarade » destinée à écarter les candidats issus du peuple. La salle acquiesce, électrisée par ce langage de vérité qui tranche avec la langue de bois habituelle.

 

Dans l’assistance, les regards brillent. Voilà un homme qui ose dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Un homme qui refuse le fatalisme ambiant, qui rejette l’idée que la présidence soit « la chasse gardée des dignitaires de l’ancien régime. »

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L’émotion est palpable quand il évoque les pionniers de la démocratie gabonaise. Les noms de Paul Mba Abessolo, Pierre Mamboundou, André Mba Obame résonnent comme autant de héros d’une lutte inachevée. La voix du candidat se fait plus solennelle : « Devons-nous permettre à ceux qui ont laissé leur vie pour le Gabon de se retourner dans leur tombe en pensant qu’ils étaient morts pour rien ? »

 

Son projet « Pour un Gabon digne et prospère » dessine les contours d’une ambition nouvelle. Pas de promesses mirobolantes, pas de grands projets pharaoniques, mais un programme de reconstruction méthodique : restaurer l’autorité de l’État, reconstruire le système sanitaire, réformer l’éducation, lutter contre la vie chère.

 

« Nous sommes en guerre », martèle-t-il, « ce n’est pas une blague. Il s’agit de nos vies, de la vie de nos enfants. » Et de fait, la chaleur étouffante de la salle semble donner corps à cette urgence. Les climatiseurs muets aux murs sont autant de témoins silencieux d’un système à bout de souffle.

 

À l’heure où le Gabon s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire, la candidature de Joseph Lapensée Essingone résonne comme un appel à l’éveil des consciences. Dans cette salle de la Chambre de commerce, malgré la chaleur accablante, un souffle nouveau semble avoir traversé l’assistance. Reste à savoir si ce vent de changement parviendra à franchir les murs et à balayer les obstacles qui se dressent sur la route des urnes.

 

L’histoire récente de l’Afrique a montré que les alternances étaient possibles, du Sénégal au Ghana en passant par le Bénin. Le 12 avril 2025, les Gabonais auront à choisir entre « la vieille classe politique immensément riche » et cette nouvelle voix qui s’élève, portant l’espoir d’un renouveau. Dans la moiteur de ce mardi de février, l’avenir du Gabon semblait suspendu aux paroles d’un homme qui ose défier les puissants.

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