Le mardi 18 février 2025 a marqué une étape cruciale dans la réforme de l’administration publique gabonaise. À Libreville, la salle de conférence de Gabon Mining a accueilli les Assises de l’administration publique, un événement d’envergure orchestré par le Secrétaire général du gouvernement, Abdu Razzaq Guy Kambogo, sous la supervision du Premier ministre Raymond Ndong Sima. Cette rencontre stratégique a réuni secrétaires généraux, ministres et autres hauts responsables pour répondre aux dysfonctionnements qui entravent la modernisation et l’efficacité des institutions publiques.

Un diagnostic sans concession
Lors de son discours d’ouverture, le Premier ministre Raymond Ndong Sima n’a pas mâché ses mots. Il a dressé un constat sévère mais réaliste des défis auxquels fait face l’administration gabonaise : lourdeurs bureaucratiques, faible digitalisation, manque de transparence et cloisonnement entre les entités administratives. « L’administration publique se doit d’être efficace, dynamique, transparente et tournée vers le service du citoyen », a-t-il insisté. Le chef du gouvernement a exhorté les participants à produire un rapport concret avec des recommandations pour pallier ces insuffisances et amorcer une transformation durable.

L’objectif est clair : fixer un cap stratégique autour de quatre axes majeurs. Il s’agit d’un diagnostic partagé des dysfonctionnements, d’une coordination stratégique renforcée, d’une modernisation axée sur la digitalisation et l’innovation, ainsi que de l’instauration d’une véritable culture de la performance. « Le passage à une administration numérique est un impératif, non une option », a martelé le Premier ministre.
Une dynamique collective pour des résultats concrets
Abdu Razzaq Guy Kambogo, Secrétaire général du gouvernement, a détaillé les méthodologies et objectifs des travaux. Il a souligné que l’administration doit répondre efficacement aux attentes des citoyens tout en mettant en œuvre les directives présidentielles. « Le temps n’est pas notre allié », a-t-il rappelé avec fermeté, appelant à des résultats rapides et mesurables.

Kambogo a également mis en lumière les défis structurels persistants : résistances à la digitalisation, manque d’éthique et faible collaboration entre administrations. Pour y remédier, il propose une stratégie interne claire pour 2025, incluant un système de suivi et d’évaluation des politiques publiques ainsi qu’un mécanisme de notation des agents publics. Ces mesures visent à restaurer la confiance des citoyens envers leurs institutions.
La digitalisation au cœur des réformes
La modernisation numérique est apparue comme une priorité absolue lors de ces assises. Les participants ont exploré des solutions pour accélérer la transformation digitale et optimiser les ressources humaines. Cette ambition s’inscrit dans une dynamique plus large soutenue par des initiatives telles que le projet « Digital Gabon » financé par la Banque mondiale. Ce projet vise notamment à améliorer l’accès aux services publics grâce à une identité numérique unique et à renforcer les infrastructures technologiques.

Viviane Nadège Ngari, Secrétaire générale du ministère du Tourisme et de l’Artisanat, a illustré cette nécessité en évoquant les efforts entrepris dans son secteur. Elle plaide pour une refonte des textes réglementaires et une meilleure adéquation entre les profils professionnels et les besoins spécifiques du ministère. « Pendant longtemps, on s’est amusé à recruter des profils inadaptés », a-t-elle déploré, tout en insistant sur l’importance d’une approche intersectorielle pour relever les défis complexes du tourisme.
Un pari sur l’avenir
Ces assises marquent un tournant décisif dans la gouvernance publique gabonaise. En mobilisant tous les acteurs concernés autour d’une vision commune, le gouvernement espère insuffler un nouvel élan à une administration souvent critiquée pour son inefficacité. Mais comme l’a souligné Raymond Ndong Sima : « La modernisation de notre administration ne se fera pas en un jour ; les décisions prises aujourd’hui détermineront l’avenir du gouvernement. »
Les mois à venir seront déterminants pour mesurer l’impact de ces réformes ambitieuses. Les citoyens gabonais attendent désormais des résultats concrets qui traduiront cette volonté politique en actions tangibles. Le défi est immense, mais il porte en lui l’espoir d’un service public enfin au service de tous.
