Dans le quartier animé de la CNI, au cœur du premier arrondissement de Libreville, une rencontre a rassemblé des jeunes acteurs politiques gabonais autour d’une question brûlante ce mercredi 26 février 2025 : « Un jeune peut-il briguer la présidence en 2025 ? » Organisée par un comité de jeunes leaders, cette discussion a mis en lumière les obstacles, les espoirs et les stratégies nécessaires pour que la jeunesse gabonaise s’impose sur l’échiquier politique national.
Les obstacles : un système à déconstruire
Les débats ont rapidement révélé les défis structurels auxquels un jeune candidat serait confronté. Dans un système électoral marqué par le clientélisme et la « politique du bord », où les électeurs sont souvent influencés par des gains matériels immédiats, la place pour un candidat jeune porteur de projets de société à long terme semble étroite. « Les électeurs votent souvent pour des promesses financières, pas pour des idées, » a déploré un intervenant. Cette réalité souligne le besoin urgent d’une éducation politique pour que les jeunes, en particulier, votent en fonction de leurs valeurs et aspirations.

Un autre obstacle majeur est celui des moyens financiers et logistiques. Mener une campagne présidentielle efficace au Gabon, un pays composé de neuf provinces, exige des ressources considérables. Les participants ont rappelé l’exemple d’Alternance 2023, où des jets privés ont été utilisés pour couvrir rapidement le territoire. « La jeunesse a-t-elle les moyens de soutenir financièrement un candidat jeune ? » s’est interrogé un jeune leader, tout en appelant à une mobilisation collective et à des stratégies innovantes pour surmonter ces défis.
L’espoir d’une nouvelle ère politique
Malgré ces obstacles, l’optimisme était palpable. Moudouma Joy Harold, l’un des organisateurs, a insisté sur la nécessité de rêver et d’incarner les aspirations de la jeunesse. « Je voudrais que le jeune du premier arrondissement puisse rêver. Pourquoi pas un jeune candidat aux élections présidentielles pour défendre naturellement les préoccupations des jeunes ? » a-t-il lancé, suscitant des applaudissements nourris.

Franz Allogho Mezui, quant à lui, a rappelé l’importance de l’unité nationale et de l’appartenance culturelle. « Le CTRI a redonné de l’espoir à tout un peuple. Cet espoir, nous ne l’avions plus, » a-t-il déclaré, en référence aux événements du 30 août 2023. Il a également insisté sur la nécessité d’agir : « On ne doit plus rester assis en train de dire ‘on va encore faire comment’. D’abord, on n’a jamais rien fait. »
Une candidature jeune, mais inclusive
Les intervenants ont souligné que l’objectif n’est pas de s’opposer au gouvernement ou au CTRI, mais de saisir l’opportunité offerte par la transition pour engager les jeunes dans le processus politique. « Nous ne sommes pas une opposition au CTRI. Nous reconnaissons ce qu’ils ont fait, » a affirmé Franz Allogho Mezui. L’idée est de proposer une candidature jeune légitime, issue d’une consultation large et inclusive. « Si chaque arrondissement propose un candidat, on va le retenir et aller en conciliaire pour vous sortir le candidat de la jeunesse, » a-t-il expliqué.

Didier Oyono Essono, président de l’UJAPG, a rappelé l’importance de consulter toutes les couches de la population, y compris les aînés. « Mettre en avant l’idée d’une éventuelle candidature d’un jeune ne veut pas dire que nous allons mettre de côté nos pères et nos mères, » a-t-il déclaré, citant un proverbe gabonais : « Pour que le vieux avance, il faut que le vieux trace la voie.«
Une jeunesse prête à prendre son destin en main
Michaël MOAPA, un autre membre du comité, a insisté sur la nécessité d’une participation collective. « Ce ne sera pas le candidat des jeunes, ce sera la jeunesse qui choisira un candidat, » a-t-il affirmé. Il a également évoqué les préoccupations majeures des jeunes, comme le chômage, en soulignant que « les jeunes savent mieux que personne quels sont leurs problèmes et sont les mieux placés pour proposer des solutions. »

Cette rencontre a démontré que la jeunesse gabonaise est prête à relever le défi de la présidentielle de 2025. Malgré les obstacles, les jeunes leaders ont exprimé une détermination sans faille à construire un avenir meilleur, fondé sur l’unité, les valeurs communes et une participation politique inclusive. Comme l’a si bien résumé Franz Allogho Mezui : « Il n’y a pas une armée plus forte que l’unité d’une jeunesse. »
Le 12 avril 2025 sera-t-il le jour où la jeunesse gabonaise écrira une nouvelle page de son histoire ? Réponse dans les urnes.
