L’Alliance pour la Renaissance Nationale (ARENA) est aujourd’hui au cœur d’une crise de leadership qui met à l’épreuve ses principes démocratiques. Deux factions s’affrontent : d’un côté, l’aile légaliste, portée par Jessica Pessi, l’épouse du feu Richard Moulomba Mombo, fondateur du parti, reconnue par les membres fondateurs et respectant les textes du parti ; de l’autre, un groupe mené par Donald Saint-Esprit Makunga Mabicka, qui revendique un héritage sans fondement juridique. Cette querelle interne n’est pas anodine, car elle engage l’avenir de l’ARENA et la crédibilité des formations politiques gabonaises.
Le leadership de l’ARENA ne se décrète pas, il se construit dans le respect des règles établies. L’élection de Jessica Pessi, veuve Moulomba Mombo par les membres fondateurs et militants du parti lors d’un congrès statutaire témoigne d’un processus démocratique clair. À l’inverse, Donald Makunga s’est autoproclamé président lors d’un « congrès » qui ne repose sur aucune base légale. Son initiative, loin d’être une démarche institutionnelle, apparaît comme une tentative de mainmise sur le parti sans consultation des organes compétents.
Une telle manœuvre ne peut être perçue que comme une tentative de détourner l’ARENA de ses objectifs initiaux. En s’appuyant sur une prétendue filiation politique avec le fondateur Richard Moulomba Mombo, Makunga tente de légitimer un coup de force qui va à l’encontre des principes fondamentaux du parti.
La reconnaissance d’un dirigeant politique ne peut se faire que dans le cadre des statuts d’un parti. En droit, c’est l’aile dirigée par Jessica Pessi qui demeure la seule entité légitime à parler au nom de l’ARENA. Son élection repose sur un processus transparent et validé par ceux qui ont façonné l’identité du parti.
À l’opposé, l’attitude de Makunga relève d’une prise de pouvoir opportuniste, ce qui pose une question cruciale : un parti peut-il tolérer des violations aussi flagrantes de ses propres textes sans mettre en péril son existence ? En acceptant ce précédent, l’ARENA ouvrirait la porte à l’instabilité et aux luttes intestines qui minent déjà trop de formations politiques au Gabon.
L’une des décisions les plus controversées de l’aile illégitime concerne l’annonce du soutien de l’ARENA au président de transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma. Cette prise de position, qui engage l’ensemble du parti, aurait dû être le fruit d’une large concertation. Or, il apparaît que cette déclaration n’a pas été discutée avec l’ensemble des instances dirigeantes.
Faut-il y voir une manœuvre politique de Makunga pour se positionner personnellement ? Tout porte à croire que son objectif n’est pas tant de faire vivre l’ARENA que de se donner une légitimité en s’alignant stratégiquement sur le pouvoir en place.
Face à cette tentative de détournement du parti, les militants de l’ARENA doivent réaffirmer leur attachement aux principes démocratiques. Il est impératif de défendre la légitimité de Jessica Pessi et de rejeter toute tentative de prise de pouvoir en dehors des cadres légaux.
Un parti politique ne peut prospérer sans une base solide de crédibilité et de transparence. Si l’ARENA veut rester une force politique majeure au Gabon, elle doit se prémunir contre toute dérive et garantir que ses dirigeants soient désignés selon les règles établies.
Cette crise interne à l’ARENA met en lumière une problématique récurrente dans la vie politique gabonaise : la bataille pour le contrôle des partis au détriment des principes démocratiques et de la légalité. Ce qui est frappant ici, c’est la tentative de Makunga de s’imposer sans respecter les règles établies, ce qui fragilise non seulement l’ARENA, mais aussi l’image des formations politiques dans leur ensemble.
Le fait qu’il ait organisé un congrès extraordinaire sans l’aval des instances du parti montre une volonté de contournement des procédures internes. C’est une stratégie souvent utilisée dans les luttes de pouvoir, mais qui nuit à la stabilité des structures politiques. La reconnaissance d’un leadership ne peut pas reposer sur des initiatives personnelles, mais sur un cadre légal et des instances reconnues.
En définitive, seule l’aile légaliste portée par Jessica Pessi représente aujourd’hui l’ARENA dans le respect du droit et des aspirations de ses militants. L’histoire retiendra que dans cette crise, ceux qui auront défendu la légitimité et les principes démocratiques seront les véritables artisans du renouveau politique que le parti prône.
