L’UDIS obtient une audience à l’ambassade de France : quelle portée pour l’affaire Opiangah ? 

Trois semaines après sa demande officielle, une délégation de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS) a finalement été reçue par la représentation française au Gabon. Objectif : alerter sur ce que le parti qualifie de « machination judiciaire » contre son leader, Hervé Patrick Opiangah, et plaider pour une intervention discrète de Paris. Une rencontre symbolique, aux implications politiques subtiles.  

 

Un plaidoyer en règle contre « l’inceste politique-judiciaire »

Dans son courrier du 7 mars – dont notre confrère Dépêches 241 a obtenu copie –, la présidente par intérim Cynthia Lays Amorissani dénonce une affaire « fondée sur un parjure » et une « compromission indécente » des autorités gabonaises. Des accusations lourdes, portées devant l’ambassadeur Fabrice Mauriès comme un appel à l’éclairage international.

 

Lors de l’audience, la délégation (composée d’Amorissani, de la conseillère Mouna Boukoko et du porte-parole Edmond Epoma Ngadi) a détaillé ses preuves, insistant sur les conséquences socio-économiques des fermetures d’entreprises liées à Opiangah. Une stratégie claire : internationaliser le dossier pour en faire une question de *droits humains* et d’équité économique, au-delà du seul cadre juridique gabonais.

 

La France, arbitre silencieux ?

 

Si Cynthia Lays Amorissani s’est refusée à divulguer le contenu des échanges, ses remerciements à la France, « pays des droits de l’Homme », trahissent une volonté de médiation. Paris, traditionnellement discret sur les affaires internes gabonaises depuis la transition, pourrait jouer un rôle d’interlocuteur indirect – sans pour autant s’engager ouvertement.

 

 

Cette audience n’est pas anodine. En sollicitant l’ambassade, l’UDIS cherche à légitimer sa lutte sur la scène internationale, tout en testant la réactivité française après des mois de tensions post-transition. Reste à savoir si cette démarche influencera le dossier judiciaire – ou si elle ne servira qu’à alimenter le récit d’un pouvoir gabonais accusé de persécution politique.

 

Une certitude : l’affaire Opiangah, désormais portée devant des diplomates, dépasse les frontières du prétoire. Et chaque acteur, dans l’ombre, en mesure les retombées

potentielles.