Subvention à la presse : le scandale de trop ?

La grogne monte, les langues se délient. La distribution de la subvention à la presse, censée soutenir un secteur en crise, tourne au scandale. Une fois de plus.

Alors que le pays sort à peine d’une élection présidentielle âprement disputée, le ministère de la Communication et des Médias semble déterminé à jouer la carte de l’opacité. Aucune liste officielle des bénéficiaires, aucun détail sur les montants alloués. Rien. Le silence est assourdissant. Pourtant, la loi est claire : les fonds publics doivent être gérés dans la transparence. Mais au ministère de la communication et des médias, ce principe fondamental semble relégué au second plan.

 

Des responsables de médias, pourtant réputés pour leur sérieux et leur constance, dénoncent avoir été ignorés, ou pire : « payés en monnaie de singe ». Comprenez : quelques miettes jetées à la volée, sans justification, ni barème connu. Pendant ce temps, certains titres fantômes sans lectorat, sans existence réelle sur le terrain  auraient perçu des enveloppes généreuses. Une insulte à ceux qui se battent chaque jour pour une information libre, professionnelle, et de qualité.

 

Dans ce contexte, une question brûle toutes les lèvres : à qui profite le crime ? Qui décide ? Sur quelles bases ? Et pourquoi le ministère réfuse-t-il obstinément de publier la liste des bénéficiaires ? Ce mutisme nourrit les soupçons de clientélisme, de favoritisme, voire de corruption. Un cocktail explosif, lors que l’utilisation des fonds publics doivent faire l’objet d’une transparence.

 

Le président Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a promis de gouverner autrement, ne peut plus fermer les yeux. Son silence serait interprété comme une complicité tacite. Il est temps pour lui de tirer le taureau par les cornes et de mettre un terme à ces pratiques héritées d’un autre temps. La presse n’est pas un terrain de magouilles. Elle est un pilier de la démocratie.

 

Si cette affaire n’est pas rapidement clarifiée, elle risque de laisser une tache indélébile sur le début du mandat d’Oligui Nguema. Et le peuple gabonais, de plus en plus exigeant, ne pardonnera pas un retour aux vieilles habitudes.

 

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