Dans un discours marqué par l’enthousiasme mais aussi le pragmatisme, le Rassemblement Pour le Gabon (RPG) a officiellement félicité Brice Clotaire Oligui Nguema pour sa victoire historique à l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Avec un score impressionnant de 94,85% des suffrages exprimés, le nouveau président élu s’apprête à entrer dans ses fonctions lors d’une cérémonie de prestation de serment prévue le 3 mai prochain au Stade d’Angondjé, marquant ainsi l’avènement de la Ve République gabonaise.
Lors d’une conférence tenue ce lundi 28 avril à Libreville, Laurent Angue Mezui, président du RPG, a livré une analyse lucide de la situation politique actuelle tout en présentant un programme ambitieux pour l’avenir du pays. « Cette élection a ravivé la confiance des Gabonais dans leurs institutions et suscité un grand espoir pour la démocratie, la réconciliation nationale et la paix en Afrique », a-t-il déclaré.
Une victoire écrasante qui impose responsabilité et inclusion
Si le RPG se réjouit de cette victoire, il n’en reste pas moins conscient des défis considérables qui attendent le nouveau chef de l’État. Pour Angue Mezui, cette large adhésion populaire représente autant une légitimité qu’une responsabilité écrasante. La solution proposée par le parti est sans équivoque : une gouvernance inclusive associant toutes les forces vives du pays.
« Notre formation politique appelle à une démocratie véritablement participative où chaque Gabonais deviendrait un acteur de la reconstruction nationale », précise le président du RPG, qui propose la création d’une large majorité baptisée « M3R » (Majorité Républicaine pour la Restauration et la Reconstruction du Gabon).
Dix urgences nationales pour « redessiner l’État »
L’originalité de l’intervention d’Angue Mezui réside dans sa proposition concrète d’un programme décliné en dix urgences nationales pour « redessiner l’État » avec le président élu, qu’il qualifie de « Bâtisseur en chef ».
En tête de ces priorités figure la formation du citoyen, avec une réforme profonde du système éducatif. « Les Gabonais aiment leur école et attendent qu’elle se réforme pour continuer à jouer un rôle de premier plan afin de favoriser l’intégration sociale au sens large », explique-t-il.
La santé constitue le deuxième pilier de ce programme, un secteur que le leader politique n’hésite pas à qualifier d' »atrophié ». « Le fait même que tous les dignitaires de la République se soignent hors du pays témoigne d’un système de santé qui appelle des corrections à la hauteur des ambitions du pays », déplore Angue Mezui.
Les autres urgences évoquées concernent l’habitat et le logement (touchant près de 350 000 familles), l’emploi et l’agriculture (avec un taux de chômage avoisinant les 40%), la culture et le sport, la famille, la réforme du système électoral, la maîtrise de l’immigration, la lutte contre la corruption et le développement des infrastructures routières.
Une rupture avec les méthodes du passé
Le discours du RPG se veut résolument tourné vers l’avenir et prône une rupture avec les pratiques politiques antérieures. « Nous sommes invités à rompre avec tout ce qui, jusque-là, nous affaiblissait. Cette rupture est une rupture avec la manière dont nous faisions de la politique et mettions en place des politiques publiques », affirme Laurent Angue Mezui.
Le président du RPG souligne également l’importance de la nouvelle Constitution adoptée en novembre 2024, censée « assurer efficacité, stabilité et responsabilité aux pouvoirs publics ». Pour lui, la victoire écrasante d’Oligui Nguema représente un mandat clair pour transformer profondément les institutions gabonaises.
Entre espoir et pragmatisme
Au-delà des félicitations d’usage, le message du RPG se veut à la fois porteur d’espoir et empreint de réalisme quant aux difficultés qui attendent le nouveau régime. « Dans un univers de plus en plus complexe, il n’y a pas de place à la rigidité qui conduit au craquement, mais plutôt au pragmatisme qui permet d’épouser les obstacles, de contourner les difficultés, de surmonter les blocages pour marcher fièrement vers notre commune félicité », philosophe Angue Mezui.
Citant l’intellectuel Grégoire Biyogo, il conclut sur une note inspirante : « Ceux qui rêvent vivent d’abord leurs rêves avant de les voir s’accomplir pour tous […] Ceux qui rêvent de grandeur s’attachent à l’accomplissement de leurs rêves, qui se caractérisent par la volonté de subvertir la servitude du présent. »
Avec la prestation de serment prévue dans quelques jours et l’annonce d’un vaste remaniement ministériel, le Gabon s’apprête à entrer dans une nouvelle ère politique sous la houlette de Brice Clotaire Oligui Nguema, désormais investi d’une légitimité populaire considérable et chargé de concrétiser les espoirs de renouveau portés par la population gabonaise.
