Niveau de compétences du personnel, plan social, grille salariale… une instabilité de la gouvernance a longtemps traduit la santé fébrile de l’Autorité de régulation des transports ferroviaires (ARTF). Selon un connaisseur du dossier, les problèmes structurels de l’entité ont conduit son Secrétaire exécutif Adrien Moukabi a initié un appel d’offre pour réaliser deux audits l’un du personnel et l’autre quinquennal. Si le premier audit a déjà livré ses premières conclusions, le retard dans le démarrage du second est au centre de toutes les élucubrations. Et pourtant…
A son arrivée aux commandes de l’ARTF en décembre 2024, Adrien Moukabi a mis sur pied un audit interne – dans la continuité des dossiers urgents laissés par son prédécesseur – afin de redynamiser l’autorité administrative indépendante de l’Etat chargée de réguler l’ensemble du dispositif du réseau ferroviaire. Un Plan Stratégique de rebond est mis en place. Les premiers résultats étaient déjà tangibles: le Secrétaire exécutif a posé sur la table un plan de formation du personnel dans les métiers du ferroviaire avec les partenaires de l’institution, une révision de la grille salariale, initié un travail rigoureux de régularisation des cotisations à la CNSS et à la CNAMGS, afin de sécuriser les droits sociaux des employés.
Des défis persistants
Malgré ces avancées, le chantier reste immense. Il s’agit aussi de procéder à un audit quinquennal pour examiner le cahier de charge du concédant (l’État) et le concessionnaire (SETRAG), déterminer si chacune des parties a respecté ses obligations. Si non, quels ont été les goulots d’étranglement et comment les corriger afin de préserver cet outil indispensable à l’économie nationale (prêt de 60 % de l’économie passe par le chemin de fer).
Estimé à 500 millions de FCFA, l’ARTF disposait dans ses comptes de 220 millions de francs CFA, suffisant pour financer la phase de démarrage de cet audit, d’où la mise en place d’un appel d’offre, ce conformément aux dispositions du Décret n°00027/PR/MEPPDD du 17 janvier 2018 portant Code des Marchés Publics. Seul hic, dans les dossiers trouvés lors de la prise de fonction d’Adrien Moukabi, l’audit quinquennal posait un problème majeur : celui d’avoir deux cabinets d’audit ayant obtenu un avis de non objection pour le même audit. Une situation complexe qui rend donc caduque la poursuite du dossier et qui aurait été signalée par le secrétariat exécutif de l’ARTF. Ainsi, pour lancer les travaux, il fallait éliminer un cabinet d’audit pour n’en conserver qu’un seul ou, à défaut, de reprendre le processus à zéro tout en respectant les procédures édictées par la DGMP. Ce qui a eu pour conséquence de retarder le redémarrage du processus tout en tenant compte des instructions des plus hautes autorités pour la réalisation de l’audit quinquennal dans les meilleurs délais. Aujourd’hui, l’un des cabinets a déjà reçu la notification de la résiliation du contrat.
De fait, les critiques formulées autour de la gouvernance du Secrétaire exécutif de l’ARTF relayés sur les réseaux sociaux ne sont basées sur aucun fondement. S’agissant des cotisations sociales, à cause des tensions de trésorerie pendant toute l’année 2024, il a été impossible d’honorer cet engagement. Toutefois, il s’est engagé à apurer progressivement cette dette sociale et négocier un contrat d’assurance complémentaire pour le personnel et leurs ayants droit avec un assureur réputé de la place. Aussi, quoi qu’en disent ses détracteurs, Adrien Moukabi n’affiche nullement une volonté de rejeter l’audit quinquennal, encore moins de bloquer les réformes visant à l’amélioration continue des conditions de vie et de travail. Au contraire, droit dans ses bottes, il reste déterminé à poursuivre son œuvre de réforme structurelle de l’institution, visant à moderniser sa gouvernance, professionnaliser son personnel et restaurer l’autorité de régulation dans un secteur stratégique.
