Au-delà des quotas : quand Sidonie Owouè redéfinit le pouvoir politique

Dans la salle feutrée de l’Hôtel Boulevard d’Acae, une révolution silencieuse se dessine. Ce Vendredi 30 mai, femmes politiques, militantes associatives et expertes juridiques se sont retrouvées pour décrypter les nouveaux contours de la participation féminine à la vie politique gabonaise. Loin des discours convenus sur la parité, cette rencontre organisée par Challenge des Femmes Dynamiques en partenariat avec le PNUD a révélé une transformation plus subtile mais déterminante : le passage d’une logique de représentation à une véritable appropriation du pouvoir.

IMG 20250530 102006 053

Quand l’expertise juridique bouscule les idées reçues

 

L’intervention de Sidonie Flore Owouè, magistrate et présidente de l’ONG Salon des Femmes, a donné le ton. Avec la précision de l’ancien procureur général qu’elle fut, elle a disséqué le code électoral et les dispositifs de parité existants, mais surtout pointé un paradoxe saisissant : « Même ces hommes qui les utilisent ne savent pas leur rôle ». Une phrase qui résonne comme un électrochoc dans l’assemblée et soulève une question fondamentale : la compétence serait-elle devenue l’angle mort de la politique gabonaise ?

IMG 20250601 WA0157

Cette remarque cinglante met en lumière un phénomène souvent occulté : tandis que le débat public se focalise sur les quotas et la représentativité numérique, les femmes développent une expertise technique et une vision stratégique qui transforment progressivement les codes du jeu politique.

 

Du management au leadership : une révolution des mentalités

 

« Il faut distinguer entre le leadership et le management », insiste Sidonie Flore Owouè, établissant une distinction cruciale souvent négligée dans les analyses politiques. Cette nuance révèle une maturité nouvelle dans l’approche féminine du pouvoir. Les femmes ne se contentent plus d’occuper des postes ; elles redéfinissent les modalités d’exercice du pouvoir, privilégiant une approche managériale à la fois plus inclusive et plus efficace.

IMG 20250601 WA0152

L’anecdote personnelle rapportée par la magistrate – se voir demander d’aller chercher des verres alors qu’elle était la seule femme présente dans une réunion – illustre parfaitement cette tension entre reconnaissance formelle et stéréotypes persistants. Mais plutôt que de s’y résigner, elle y voit un défi : « Cela heurte notre intelligence », affirme-t-elle, transformant la frustration en moteur d’émancipation.

 

Le pari démographique : une majorité silencieuse qui s’éveille

 

L’argument démographique avancé par l’oratrice prend une résonance particulière dans le contexte gabonais. « Les femmes sont majoritaires au Gabon », rappelle-t-elle, suggérant que la sous-représentation politique féminine relève davantage d’un déficit d’organisation que d’un problème structurel. Cette lecture optimiste ouvre des perspectives inédites : et si les prochaines échéances électorales marquaient le basculement vers une véritable démocratie paritaire ?

IMG 20250530 124042

La formule est provocante mais révélatrice : « Lorsque les femmes vont se réveiller, les hommes n’auront plus d’espace ». Au-delà de la boutade, cette prédiction dessine les contours d’un nouveau rapport de forces où l’indispensabilité féminine dans la gestion des affaires publiques devient un atout stratégique majeur.

 

L »urgence intergénérationnelle : préparer l’avenir

 

La dimension prospective de cette réflexion trouve son aboutissement dans l’appel à un « travail de formation intergénérationnelle ». Car au fond, l’enjeu dépasse la simple conquête du pouvoir : il s’agit de construire une culture politique durable où l’engagement féminin ne soit plus une exception mais une évidence.

IMG 20250530 101941 496

« Rien n’est durable si les générations futures ne sont pas préparées », martèle Sidonie Flore Owouè, soulignant que la bataille se joue autant sur le terrain électoral que dans les consciences. De l’impossibilité hier « pour une femme d’être chef de parti politique » à l’émergence actuelle de figures féminines influentes, le chemin parcouru témoigne d’une accélération historique.

 

Vers une nouvelle définition du service public

 

La conception du politique comme « service des autres » qui « nécessite l’abandon de sa personne » révèle une approche renouvelée de l’engagement public. Cette vision, portée par des femmes qui ont fait leurs preuves dans différents secteurs, pourrait bien redéfinir les standards de la gouvernance gabonaise.

 

À quelques mois des échéances électorales locales et législatives, cette conférence-débat résonne comme un signal fort. Les femmes gabonaises ne revendiquent plus seulement leur place dans l’arène politique ; elles en redéfinissent les règles du jeu. Une révolution tranquille qui pourrait bien transformer durablement le paysage politique national.

 

redacteur

Redacteur en Chef

One thought on “Au-delà des quotas : quand Sidonie Owouè redéfinit le pouvoir politique

Comments are closed.