Libreville se mue en laboratoire d’idées pour deux jours décisifs sous l’œil vigilant du président Nguema
Dans quarante-huit heures, le Gabon franchira un cap historique. Le premier Economic Forum national, orchestré sous l’autorité présidentielle, promet de bouleverser les codes d’une économie trop longtemps tributaire de l’or noir. Entre ambitions souveraines et réalisme pragmatique, la capitale s’apprête à dessiner les contours d’un modèle inédit.
L’effervescence gagne les allées du Palais des Congrès. Dans moins de quarante-huit heures, le Gabon basculera dans une nouvelle ère. Le premier Gabon Economic Forum s’ouvre lundi, portant sur ses épaules l’espoir d’une nation qui refuse désormais de subir les soubresauts des cours pétroliers. Sous le regard attentif du président Brice Clotaire Oligui Nguema, cette grand-messe économique ambitionne rien de moins qu’une refondation : « Transformer l’économie gabonaise pour assurer une croissance durable et partagée ».
Rarement initiative gouvernementale aura suscité autant d’attentes. Le Ministère de l’Économie et des Finances a joué la carte de l’ouverture en s’alliant à la Fédération des Entreprises du Gabon et à l’Université Omar Bongo. Cette alliance tripartite, inédite par son ampleur, traduit une volonté claire : dépasser les clivages traditionnels pour forger un consensus national.
« Nous sortons enfin des logiques de confrontation stériles », confie un dirigeant d’entreprise sous couvert d’anonymat. « L’heure est au pragmatisme. Soit nous nous réinventons ensemble, soit nous périclitions séparément. »
Le gratin économique mobilisé
Libreville accueillera durant ces deux journées un plateau exceptionnel. Investisseurs internationaux, capitaines d’industrie, universitaires de renom et experts financiers convergeront vers la capitale gabonaise. L’objectif ? Plancher sur cinq chantiers stratégiques qui détermineront l’avenir économique du pays.
La diversification post-pétrolière ouvrira les débats. Une nécessité devenue urgence face à la volatilité des hydrocarbures. Suivront la réforme fiscale – serpent de mer des gouvernements successifs –, l’amélioration du climat des affaires, l’innovation portée par la jeunesse et la transition écologique comme nouveau moteur de croissance.
Au-delà des mots, des actes
Ce qui distingue ce forum des multiples rencontres économiques africaines ? L’engagement pris par les organisateurs de traduire les recommandations en mesures concrètes. « Nous ne sommes pas là pour brasser de l’air », martèle un conseiller ministériel. « Chaque panel débouchera sur des engagements chiffrés et datés. »
Les enjeux sont colossaux : valoriser les richesses forestières et minières, créer des emplois durables hors secteur informel, garantir la souveraineté alimentaire et énergétique, maîtriser l’inflation galopante. Autant de défis qui nécessitent une approche systémique et une volonté politique sans faille.
L’Université Omar Bongo apportera sa caution scientifique à l’événement. Ses économistes et chercheurs nourriront les débats de leurs analyses pointues sur les mutations nécessaires. « Nous disposons d’un capital humain de qualité », souligne un responsable universitaire. « Il faut maintenant le mobiliser au service d’une vision partagée. »
Cette dimension académique distingue le forum gabonais des initiatives similaires sur le continent. Loin des effets d’annonce, l’ambition est de construire un socle théorique solide pour les réformes à venir.
Un pari sur l’avenir
Dans un contexte africain marqué par les incertitudes post-pandémie et les tensions géopolitiques mondiales, le Gabon affiche sa détermination à reprendre en main son destin économique. Le timing n’est pas anodin : alors que de nombreux pays du continent peinent à redresser leurs économies, Libreville veut montrer la voie.
« Ce forum n’est pas un gadget communicationnel », insiste un proche du président Nguema. « C’est l’acte de naissance d’une nouvelle politique économique. Nous entrons dans l’ère de la responsabilité collective. »
Si l’enthousiasme est palpable, les défis restent immenses. Comment concilier croissance et redistribution ? Comment attirer les investisseurs tout en préservant la souveraineté nationale ? Comment transformer une économie de rente en économie productive ?
Les réponses émergeront peut-être de ces deux journées intensives. Une chose est sûre : le Gabon refuse désormais de jouer les seconds rôles dans son propre développement. Le rendez-vous est pris avec l’histoire.
Le défi est lancé :
« Un pays ne grandit qu’en osant se réinventer. Ce forum est notre moment de vérité. » a déclaré un entrepreneur gabonais, à la veille de l’ouverture.
