Promesses non tenues : à Nyali et Douano 1, le réseau mobile toujours aux abonnés absents

En juillet 2024, Brice Clotaire Oligui Nguema, alors président de la Transition, avait pris un engagement fort à Mabanda, dans le département de la Doutsila, lors de sa tournée républicaine : ériger une antenne de réseau mobile entre les villages Nyali et Douano 1, situés dans une zone particulièrement enclavée. Une promesse accueillie comme un véritable soulagement pour ces communautés rurales longtemps privées de moyens modernes de communication.

Lors de cette visite, précisément le 12 juillet 2024, le Président avait également annoncé la construction des voiries urbaines de Mabanda ainsi que la création d’une maternité de 50 lits, répondant à des besoins essentiels en matière de santé et d’infrastructures locales. À cette occasion, le réseau internet avait brièvement fonctionné, le temps de la présence présidentielle, avant de disparaître aussitôt après son départ, renforçant le sentiment d’abandon chez les habitants.

Plus d’un an après cette visite, l’enthousiasme des populations a laissé place à une profonde désillusion. Sur le terrain, aucun pylône n’a été dressé, et le quotidien reste inchangé pour ces villages toujours coupés du reste du pays. Une situation d’autant plus frustrante que l’antenne-relais promise devait être départementale, au bénéfice d’une large portion de la population.

L’initiative présidentielle s’inscrivait pourtant dans la continuité d’un programme national de désenclavement numérique, lancé à grand renfort de discours : le Programme d’accès universel aux services de télécommunications et de radiodiffusion. Celui-ci vise à réduire la fracture numérique entre zones urbaines et zones rurales, en installant des antennes relais pour la téléphonie mobile, la télévision numérique terrestre (TNT), la radio communautaire, mais aussi en facilitant l’accès à Internet haut débit pour les localités les plus isolées.

Depuis son lancement, plusieurs villages ont effectivement bénéficié de ce programme, retrouvant une forme de connexion au monde extérieur. Mais à Nyali et Douano 1, cet espoir reste un mirage.

> « Nous avons cru à un vrai changement. À ce jour, nous sommes toujours obligés de parcourir plusieurs kilomètres pour capter un signal, ne serait-ce que pour envoyer un simple message vocal », confie un habitant de Nyali, joint… à grand-peine, lors d’un déplacement à Ndendé.

Pour ces villages, l’absence de réseau signifie bien plus qu’un simple inconfort. Sans réseau mobile ni Internet, impossible d’accéder rapidement à des services administratifs, de rester informé ou de profiter des opportunités offertes par le numérique. Pour les jeunes, c’est aussi un frein à l’éducation à distance, à la recherche d’emploi et à l’entrepreneuriat.

Face à cette situation, les villageois appellent aujourd’hui le gouvernement de la Transition et les opérateurs télécoms à honorer les engagements pris.

 « Nous ne demandons pas un luxe. Nous voulons seulement pouvoir téléphoner et recevoir des nouvelles de nos proches sans avoir à gravir une colline ou marcher jusqu’au village voisin », martèle un chef de village de Douano 1.

Alors que le Gabon ambitionne de se positionner comme un hub numérique en Afrique centrale, la persistance de zones blanches met en lumière les défis d’une couverture véritablement inclusive.

Les populations de Nyali et Douano 1 espèrent désormais que leur voix sera entendue et que les promesses formulées en juillet 2024 ne resteront pas lettre morte.

L’antenne-relais départementale, attendue comme un symbole de désenclavement et d’équité territoriale, demeure pour l’instant une tour invisible, mais qui reste, dans l’esprit des habitants, un droit à la connexion que l’État leur doit.

Franck Charly Mandoukou

Directeur de la publication, Journaliste libre et indépendant. Gabon infos,Toute l'information du Gabon. Les dernières actus, la politique, l'économie, la société, la culture, la justice, les faits divers...

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