Gabon: un internaute ouest-africain lance un appel au djihad 

Un message diffusé sur les réseaux sociaux et attribué à un internaute se réclamant d’Afrique de l’Ouest, appelant au « djihad » contre les Gabonais, a suscité mercredi 15 octobre 2025 une vive émotion au sein de l’opinion publique. Repris en masse sur les plateformes numériques, ce contenu incitant à la haine religieuse et à la violence identitaire a rapidement été signalé par de nombreux internautes.

 

Dans cette publication, que notre rédaction a pu consulter, l’auteur désigne explicitement les Gabonais comme des « ennemis » et tente de légitimer un appel à l’affrontement au moyen de références religieuses. Par souci de responsabilité, nous choisissons de ne pas relayer les formulations exactes contenues dans le message.

 

Face à la virulence des propos, plusieurs utilisateurs ont immédiatement alerté les autorités gabonaises et demandé l’ouverture d’une enquête. Toutefois, à ce stade, aucune réaction publique n’a encore été enregistrée de la part des autorités religieuses musulmanes ou chrétiennes du pays.

 

Pour un journaliste spécialiste des questions sécuritaires interrogé par notre rédaction, ce type de publication, même isolée, ne doit jamais être minimisée :

 

« L’expérience montre que des messages individuels peuvent servir de point d’entrée à des logiques de radicalisation. Leur diffusion rapide sur les réseaux sociaux en fait des catalyseurs potentiels de tensions communautaires s’ils ne sont pas immédiatement contextualisés et condamnés. »

Le contexte géopolitique régional ajoute à l’inquiétude. Depuis plusieurs années, le Sahel et une partie de l’Afrique de l’Ouest sont confrontés à une montée des idéologies djihadistes, propagées par des groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique. Ces organisations exploitent massivement les canaux numériques pour diffuser leur propagande, recruter et inspirer des actions violentes, y compris loin des zones de conflit.

 

Pour l’heure, aucun signe tangible ne laisse penser que ce message viral s’inscrive dans une stratégie coordonnée ou qu’il émane d’un réseau structuré. Toutefois, son impact émotionnel ne doit pas être sous-estimé dans un pays où résident de nombreuses communautés étrangères, dont une forte proportion issue d’Afrique de l’Ouest.

 

Plusieurs voix appellent désormais l’État à agir rapidement : en identifiant l’auteur ou les relais du message ;

 

en clarifiant le statut juridique de ce type d’appel à la violence ; en mobilisant les leaders religieux pour une condamnation interconfessionnelle claire et apaisante.

 

Prévenir plutôt que subir

 

La stabilité sociale du Gabon repose depuis longtemps sur une coexistence religieuse et communautaire largement pacifique. Mais aucune nation n’est totalement à l’abri des dérives numériques, surtout à l’heure où la haine se viralise plus vite que la raison.

 

Plus qu’un fait divers numérique, cette affaire rappelle l’urgence d’une stratégie nationale de prévention de la radicalisation en ligne, associant autorités, plateformes numériques, société civile et leaders d’opinion.

 

Car la paix, en 2025, ne se défend plus seulement dans les rues : elle se protège aussi sur les réseaux.

Franck Charly Mandoukou

Directeur de la publication, Journaliste libre et indépendant. Gabon infos,Toute l'information du Gabon. Les dernières actus, la politique, l'économie, la société, la culture, la justice, les faits divers...