L’histoire remonte à l’époque où Patrick Mouguiama Daouda, était Ministre de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et du Transfert des technologies. Le gouvernement avait entrepris dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP), de confier la restauration des élèves aux mains de structures mieux qualifiées.
Le gouvernement par ce geste voulait éviter les manquements observés sur le plan hygiénique, qu’une étude présentait comme un des facteurs caractéristiques du mauvais rendement des apprenants, en plus d’être un élément clé des intoxications alimentaires.
Mis à contribution, l’AGASA, structure spécialisée dans la sécurité alimentaire, y avait fait proposition de menus, le tout validé par Patrick Mouguiama Daouda et les siens.
Ainsi, dans un avis à manifestation d’intérêt, de nombreux privés répondaient à cet appel formulé par le ministère de l’éducation nationale. Mais une année plus tard, le projet connaît de graves turpitudes.
“L’année dernière le ministère de l’éducation nationale avait fait un appel à manifestation pour la construction des sandwicheries qu’ils ont baptisé la barquette des élèves. Nous devions investir dans un délai de 21 jours. Ces sandwicheries sont faites en bois et la moins coûteuse est à 7 millions. Donc chaque sandwicheries nous a valu entre 7 et 14 millions”, témoigne l’un des opérateurs, avant de livrer les écueils : “Aujourd’hui, nous n’avons aucune information, aucun contrat avec l’éducation nationale. Lors de l’échange avec les partenaires, le secrétaire général de l’époque, le DG des oeuvres scolaires et d’autres représentants, il avait été conclu que nous ayons l’exclusivité des ventes. Or, vous pouvez faire le tour dans les établissements scolaires, vous verrez qu’en dehors des sandwicheries, il y a au minimum 15 vendeuses. Ce qui est anormal”.
Face à cette situation, assurent ne plus rien comprendre.
“La DG des oeuvres scolaires prétend que c’est normal qu’il y ait des vendeuses, hormis les sandwicheries. Je précise que dans cette affaire, nous avons investi beaucoup d’argent. Or, ces vendeuses viennent avec des tables et des parasols. Ces mêmes vendeuses reversent à la Direction des oeuvres scolaires la somme de 50.000 francs CFA. Nous sommes lésés, nous ne sommes pas contents du tout parce que nous devons rentrer dans nos fonds. Nous devions avoir un contrat de 10 ans. Donc, que l’éducation nationale respecte ce qui a été dit.”
L’IMPASSE SE DURCIT
“Lors de nos rencontres, ils nous avaient interdit de vendre les laits caillé et les Bissap. Or, aujourd’hui, vous remarquerez que ces commerçantes viennent vendre ces produits là”, fait observer notre interlocutrice, dégoûtée.
“Le ministère de l’éducation nationale est de mauvaise foi, et la directrice générale des oeuvres scolaires l’est aussi. Pour elle, tout ce qui a été fait par le passé a été mal fait”, enchaîne-t-elle.
“Le ministère de l’éducation nationale ne nous a pas fait de contrats, nous sommes envahis par les commerçantes, rien n’est respecté”.
DES PLAINTES REJETÉES, FACE AU CASH DES COMMERÇANTS
“Nous nous sommes plaint auprès des chefs d’établissements, qui eux disent qu’ils n’ont pas de restrictions, qu’ils ont le droit d’accepter toutes les personnes qui paient la somme de 50.000 francs CFA à la direction des oeuvres scolaires. Et cette situation arrange les responsables d’établissements puisqu’ils reçoivent de l’argent de ces commerçantes tous les mois”, indique notre interlocutrice, dépitée.
Au lycée d’Akébé ville, par exemple, en dehors de la sandwicherie la “Barquette des élèves”, le lieu grouille de 24 vendeuses supplémentaires. Sachant qu’un seul paie 50.000 francs CFA mensuels, on peut voir ce que se fait le chef d’établissement. Mais là encore, il ne s’agit que d’un tout petit lycée.
Au lycée Léon Mba ou au lycée d’État, c’est la reproduction, à quelques différences près bien-sûr, du marché de Mont-Bouët.
DES MILLIONS JETÉS DANS L’EAU
“Nous avons eu des séances préparatoires. On nous a exigé de créer nos entreprises, de les immatriculer au registre du commerce, de déclarer nos employés à la CNSS. Tous les dossiers du projet ont été montés et déposés à la Direction des oeuvres scolaires”, raconte notre source.
“Une étude avait été faite, relevant que les enfants étaient mal nourris. Il y a des enfants qui souffrent du diabète, d’autres qui dorment dans les salles de classes etc. Ce projet de création des sandwicheries scolaires visait à améliorer la santé des enfants”, précise-t-elle. Mais où en est on aujourd’hui ?
Tout semble s’être évanoui. Les décrets de Patrick Mouguiama Daouda passent pour caduques.
Face à cette situation de mépris et de malversations, si le ministère de l’éducation nationale ne respecte pas ses engagements, le collectif dit être prêt à changer la donne, ce en allant porter plainte au conseil d’État.
Une intervention d’Ali et Sylvia Bongo Ondimba, ainsi que celle de Rose Christiane Ossouka Raponda pourraient certainement remettre les pendules à l’heure.