Ce vendredi 09 février, à l’hôtel Boulevard, sis aux Acaés, les membres du Réseau National des Femmes Médiatrices du Gabon (RFMG), ont procédé à la présentation de leur mouvement et à l’installation de son bureau national, sous l’égide du Médiateur de la République Gabonaise et des femmes Médiatrices de la CEEAC,notamment Mme Pepecy OGOULINGUENDE, Elisabeth NGOUA MBINA, Reine Adiahenot epse TCHONDJI, Hermina AKAZONG.
Cette nouvelle étape franchie vient consolider les actions des Groupes féministes ”Résolution 1325” et « Challenges Démocratie au Féminin », organisateurs dans les années précédentes d’ateliers de formation en techniques de médiation et gestion de conflits pour la gent féminine.
La cérémonie a été l’occasion d’une appréciation publique des politiques menées actuellement. De fait,les femmes médiatrices, par la voix de Pepecy OGOULINGUENDE, ont exprimé un sentiment mitigé face aux actions politiques des autorités gabonaises.
En effet, en dépit des avancées et des politiques notables mises en application par le CTRI, notamment le démarrage du processus d’exécution du dialogue national inclusif, celui fait avec les forces vives de la nation et diplomates de la région, des travaux d’infrastructures routières, sanitaires et scolaires, la réouverture du recrutement à la fonction publique, l’inclusion des personnes marginalisées et le paiement des bourses scolaires, beaucoup reste encore à faire, tant le constat de la faible représentativité des femmes dans les sphères décisionnelles est encore criante.
Cette forme de marginalisation des femmes se traduit par la négation de leurs droits, l’absence de mécanisme d’autonomisation économique pour elles, de l’accroissement de l’impunité face aux violences et crimes odieux dont elles sont victimes, et la non application des engagements nationaux et internationaux contenus dans les conventions internationales, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF),la résolution 1325, l’ODD5, et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, qui constituent au delà des questions de sécurité, des causes de fragilisation de la paix dans les pays.
C’est en ce sens qu’au regard des enjeux futurs, pour «un environnement économique stable, l’acceptation des droits universels, de bonnes relations avec les pays voisins, la libre circulation de l’information fiable, du niveau de capital humain élevé, de faible niveau de corruption, une distribution équitable des ressources» que les femmes Médiatrices évoquent la nécessité d’une gestion holistique de la transition, «avec un accès aux services sociaux de base et la participation citoyenne».
Le réseau s’inscrit donc dans une dynamique de solidarité avec les populations de base et vulnérables et appelle à la promotion du rôle actif de la femme dans les organes de décision du pays, la favorisation à l’accès aux emplois décents, et la mise en place d’une allocation chômage aux diplômés.
Le RFMG souhaite en ce sens «accompagner le CTRI en qualité d’agent de solution, de propositions, d’actions concrètes et des réformes juridiques au profit des populations vulnérables». Aussi a t-il demandé une meilleure communication et transparence sur le processus de transition en cours, la mise en place en urgence d’une équipe de médiateurs représentant toutes les forces vives de la nation. Le RFMG adjure de la prise en compte des familles monoparentales, l’attribution de 30% et 20% des marchés publics respectivement aux femmes et aux jeunes, de la promotion de l’agriculture locale et l’assurance du non retour des anciennes pratiques de gouvernance nuisibles.
Pour atteindre ces objectifs, les femmes ont décidé de la mise en place du Réseau national des Femmes Médiatrices du Gabon.
C’est dans une salle pleine que l’investiture des membres du Bureau a été faite.
Organisée dans l’optique de présenter de manière symbolique le Bureau du RFMG, l’installation du Bureau national des Femmes Médiatrices a été rehaussée par la présence des 4 femmes Médiatrices de la CEEAC, du Médiateur de la République, de la représentante du ministre de la Justice, de la sénatrice Mme Lasseni Duboze, représentante de la présidente du Sénat et la virtuose de la musique gabonaise et désormais sénatrice, Annie Flore BATSIELILYS, ainsi que de la représentante des Femmes de l’Afrique de l’Ouest, Mme BOUBACAR.
L’événement a été riche en partage de proposition et de partage d’expérience dans le renforcement du rôle actif des femmes dans la pacification et la stabilisation des pays, conformément aux engagements nationaux et internationaux, en matière de participation féminine dans les processus de prises de décisions pour la paix.
La cérémonie a été constellée par une série de discours de la part des honorables intervenants. Ces derniers ont en effet exposé l’importance de la médiation dans les processus de paix et de stabilisation de l’État. Ainsi, le médiateur de la République indiquait que «la médiation c’est mener des négociations, être capable de parler dans la souffrance et la douleur». La représentante de la présidente du Sénat, quant à elle, mettant l’accent sur la complémentarité entre les hommes et femmes. Expliquant que la place de la femme se trouve après de l’homme et encourageait à parler de paix «avec le coeur» et y associer dans cette gestion les femmes des autres pays.
Dans cette perspective,Mme Boubacar partageait l’expérience des actions des Médiatrices des pays de l’Afrique de l’Ouest qui avait abouti à des effets sur le plan national et régional, par l’implication des femmes dans la pacification des conflits à la suite de la résolution 1325 et au moyen d’ateliers organisés dans 9 pays francophones. Elle exhortait donc les femmes de la salle à l’accroissement du leadership féminin dans les processus de paix, l’outillage de la résilience, l’encouragement de l’action du réseau par la solidarité, et au retour à la culture africaine.
A la fin des panégyriques, La cérémonie de mise en place du Réseau National des Femmes Médiatrices de Paix a vu Mme Elisabeth NGOUA MBINA et Mme Pépecy OGOULIGUENDE respectivement installées en tant que Présidente du Réseau National des Femmes Médiatrices de Paix et Présidente du Comité des Sages.
Jimmy Mandoukou