Gabon/Raymond Ndong Sima : « La Suspension des Partis Politiques Relève de la Démagogie »

La recommandation émise lors du Dialogue national inclusif (DNI) d’avril dernier, suggérant la suspension des partis politiques, continue de susciter de vifs débats au sein de la classe politique gabonaise. Dans une récente interview avec le mensuel *Jeune Afrique*, le Premier ministre de la Transition, Raymond Ndong Sima, a exprimé sa ferme opposition à cette proposition, la qualifiant de « démagogique » et susceptible de provoquer des tensions sociopolitiques.

Raymond Ndong Sima rejoint ainsi les critiques formulées par des figures politiques de premier plan, notamment l’ancien vice-président de la République, Pierre Claver Maganga Moussavou, la Coalition pour la Nouvelle République, le président du parti Réveil Citoyen, Thérence Gnembou, et le vice-président du Parti Démocratique Gabonais (PDG), Paul Biyoghe Mba. Selon lui, cette recommandation vise à museler les opposants politiques et pourrait engendrer des frustrations et des animosités, créant un climat démocratique dégradé.

Pour le Premier ministre, la suspension des partis politiques ne ferait que victimiser certains acteurs politiques, exacerbant ainsi les tensions et les frustrations. « Ce type de recommandation semble clairement destiné à empêcher l’expression de positions divergentes, ce qui est incompatible avec les principes démocratiques », a-t-il déclaré.

 

Ndong Sima a également critiqué l’idée d’inéligibilité des cadres de l’ancien parti au pouvoir sans procédure judiciaire. « Seul un juge, dans un État de droit, a la légitimité de prononcer des peines d’inéligibilité à l’issue d’une procédure équitable », a-t-il ajouté, insistant sur le respect des principes de justice et de légalité.

Le débat autour de cette résolution reflète une division au sein de la classe politique gabonaise. Certains estiment que ces mesures pourraient renforcer la stabilité politique en limitant l’influence des anciens cadres. D’autres, comme Ndong Sima, croient fermement que de telles mesures sont antidémocratiques et risquent de polariser davantage la scène politique gabonaise.

Raymond Ndong Sima appelle à un dialogue véritablement inclusif, respectueux des principes démocratiques, pour aborder les défis politiques du Gabon. Il insiste sur l’importance d’un débat ouvert et transparent où toutes les voix peuvent s’exprimer sans crainte de répression.

 

Ce débat sur la suspension des partis politiques et l’inéligibilité des cadres met en lumière les tensions et les enjeux actuels de la transition politique au Gabon. Tandis que le pays cherche à naviguer vers une stabilité durable, le respect des valeurs démocratiques demeure une priorité essentielle pour de nombreux acteurs politiques.