Après deux mois de participation aux travaux de la Commission pour le dialogue social dans le secteur des hydrocarbures, initiés par le président de la Transition, l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) a dénoncé, ce mardi 6 août, des actes de sabotage de certains directeurs généraux membres de l’Union pétrolière gabonaise (Upega).
Des membres de l’Onep, dont le secrétaire général Sylvain Mayabi Binet, ont exprimé leur frustration face à ce qu’ils appellent le «cartel pétrolier gabonais», lors d’une conférence de presse tenue mardi à Libreville. Ils ont accusé ce groupe de ne pas avoir signé le procès-verbal contenant les conclusions des travaux de la Commission pour le dialogue social dans le secteur des hydrocarbures. Cette commission avait été créée par arrêté n°024 du président de la Transition, pris le 16 avril dernier, avec pour mission d’améliorer les conditions de travail des employés du secteur pétrolier.
Les travaux de la commission, qui ont débuté le 27 mai, ont duré deux mois sans rencontrer de difficultés majeures. Cependant, à la fin, l’Upega a refusé de signer le protocole d’accord, malgré la participation active de sa présidente à la rédaction du document. Selon Sylvain Mayabi Binet, les directeurs généraux des principales sociétés membres de l’Upega ont exercé une pression pour empêcher la signature, sabotant ainsi les avancées obtenues. Il a affirmé que ce comportement est typique du «cartel pétrolier gabonais», qui utilise la menace des investissements et des emplois pour déstabiliser le secteur et maintenir un climat social tendu.
L’Onep a souligné que le refus de signer le procès-verbal est motivé par des points spécifiques du document, notamment la fin des contrats des sociétés de prestation qui exploitent les travailleurs gabonais sans respecter les conditions, l’obligation d’embaucher directement les employés gabonais pour au moins deux ans, et la cessation des activités des étrangers ne remplissant pas les conditions requises. «Nous sommes dans un nouveau Gabon et certains directeurs généraux pensent qu’ils peuvent encore exploiter les travailleurs gabonais comme des esclaves et piétiner les lois gabonaises», a déclaré Mayabi Binet.
Il a également critiqué les multinationales qui, selon lui, affichent des principes éthiques, d’équité, de diversité et d’inclusion, mais qui, en réalité, exploitent les faiblesses réglementaires locales pour réduire les coûts du personnel, en contournant les lois et en frôlant l’indécence. Il a dénoncé les responsables RH et DGA de ces entreprises comme étant des «mercenaires» qui contribuent à la déstabilisation sociale du pays.
Pour l’Onep, cette situation constitue un camouflet pour la commission mise en place par le président de la République, et un énième acte de déstabilisation contre les travailleurs et le régime de Transition. En conséquence, l’Onep se réserve le droit de déclencher une grève générale d’avertissement de neuf jours, du mercredi 21 au jeudi 29 août 2024, dans toutes les entreprises ayant des préavis de grève non résolus.
Afin d’éviter un arrêt des travaux, qui aurait des conséquences dommageables pour la paix sociale et l’économie nationale, l’Onep appelle à l’arbitrage du président de la Transition. Ils rappellent que l’Autorité du Président de la République, conformément à l’Arrêté n°024/PT-PR, article 1er alinéa 1, stipule que : «Il est créé et placé sous l’autorité du Président de la République, une commission pour le dialogue social dans le secteur des hydrocarbures aux fins de maintenir un climat social apaisé».