MBAZOGO ELLA Marlyse, jeune gabonaise de 43 ans, veuve et mère de trois enfants, née le 26 janvier 1981 à Bitam dans le département du Ntem, province du Woleu-Ntem (nord du Gabon). Ses parents se nomment ELLA MENIE Benjamin et NFONO OBAME Adrienne, tous deux de nationalité gabonaise et originaires de la province éponyme. MBAZOGO ELLA Marlyse s’est envolée pour les États-Unis d’Amérique le 11 juin 2022. Un voyage pour l’exil consécutif aux quotidiennes menaces de mort et autres intimidations dont elle faisait l’objet depuis les élections presidentielles de 2009. À l’instar de centaines de milliers de gabonais épris de liberté, de démocratie et de justice sociale, la native de Bitam s’était rangée derrière André MBA OBAME, véritable vainqueur du scrutin. À cette époque, Ali BONGO qui prend le pouvoir via un coup de force, se lance dans une traque sans merci de tous les opposants. Une chasse aux sorcières qui continuera d’ailleurs durant les 14 ans de règne dictatorial d’Ali BONGO.
Après le décès d’André MBA OBAME emporté par la maladie le 12 avril 2015, MBAZOGO ELLA Marlyse rallie le parti Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) de l’opposant Alexandre BARRO CHAMBRIER. C’est sous la bannière de ce parti qu’elle bat campagne pour Jean PING alors principal challenger d’Ali BONGO à la présidentielle de 2016. MBAZOGO ELLA Marlyse a milité pour le RPM de 2015 jusqu’à son départ du Gabon en 2022. La jeune compatriote, mère de trois enfants, fait partie des centaines de gabonais qui seront interpellés lors de l’assaut sanglant du QG de Jean PING le 30 août 2016. Depuis cette funeste nuit où des centaines de personnes ont été froidement assassinés, MBAZOGO ELLA Marlyse, dont le mari est décédé entre temps, vivait la peur au ventre car constamment traquée par les sbires du régime. Jean PING isolé politiquement par le régime BONGO-PDG, la jeune activiste fait partie de ces milliers de jeunes gabonais qui, refusant d’abdiquer, n’avaient de cesse de battre le pavé pour maintenir la flamme de l’alternance dans l’esprit des gabonais.
Mais l’assassinat de plusieurs compagnons de lutte sera le point culminant qui forcera la jeune femme à quitter le Gabon ; laissant derrière elle ses trois enfants nés à Libreville:EBANG MOTO Troys né à Libreville le 28 février 1995, OKOGO AKOUÉ Blandine Eliette née le 06 novembre 2003 et ONDO OYANE Pauline Joyce Mécène née le 12 novembre 2011. Et sa pauvre mère, NFONO OBAME Adrienne, sans ressource, qui vit d’un petit commerce sur le trottoir du marché insalubre du quartier Venez-voir, dans le 3e arrondissement de Libreville. C’est la mère qui garde deux des trois enfants de MBAZOGO ELLA Marlyse. Fille unique de ses parents, la jeune compatriote est la principale pourvoyeuse de sa famille. C’est dire le sacrifice particulièrement douloureux qu’elle a dû consentir: quitter le Gabon pour l’exil.
Ainsi, depuis le juin 2022, MBAZOGO ELLA Marlyse vit aux États-Unis. Quoique les militaires du CTRI aient le pouvoir le 30 août 2023, la jeune activiste craint toujours pour sa vie. Et pour cause : presque tous les apparatchiks de l’ancien régime sont encore aux affaires. Raison pour laquelle, nombre de gabonais de la diaspora rechignent à rentrer au Gabon. Et au regard du climat sociopolitique actuel, force est de le leur concéder. À titre illustratif: Stéphane NZENG et Landry Washington, deux activistes gabonais qui ont cru bon revenir dans leur pays natal sont actuellement poursuivis devant les tribunaux après avoir été gardés à vue dans les locaux de la Direction générale des recherches (DGR), suite à une plainte d’un ancien sbires d’Ali BONGO toujours aux affaires au Gabon.
Après avoir salué la prise du pouvoir par les militaires au matin du 30 août 2023, les gabonais ont vite déchanté. Entre désolation et désillusion. Les exactions perpétrées par les militaires sur les populations civiles sont monnaie courante. De l’expropriation de terrains aux interpellations, en passant par la restriction des libertés individuelles. En dépit du changement de régime, y’a comme une chasse aux activistes et autres opposants contempteurs du nouveau régime. Dernièrement , c’est le frère cadet de Thibault ADJATYS, activiste gabonais exilé en France qui a été interpellé. Juste après lui, c’est Stempy Love OBAME qui a été écroué au terme d’un procès « commandé » pour avoir fait des révélations pointant des membres de l’entourage du président de transition Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA. Les barons du pouvoir déchu ont encore le bras long et les critiquer vous expose aux pires représailles.
Dans un tel contexte, difficile pour MBAZOGO ELLA Marlyse de penser rentrer au Gabon. S’il y’a eu changement de régime, il n’y a pas encore changement de mentalités. Le pays est très loin d’être sûr.
MEZ