Coup d’État ou Coup de Théâtre ? La Candidature de Daniel Mengara Remet en Question la Légitimité du CTRI

Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi à l’hôtel Excellence, sis à l’Ancienne SOBRAGA, le Pr Daniel Mengara a fait une déclaration retentissante en annonçant sa candidature à la présidence de la transition de la République Gabonaise. Cette annonce, qui a pris de court de nombreux observateurs, pourrait avoir des répercussions majeures sur le climat politique du pays et sur le calendrier politique du Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI), dirigé par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema.

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Pr Daniel Mengara lors de son allocution 

La conférence de presse, rehaussée par la présence de figures politiques de premier plan telles que Marc Ulrich Malekou, président du mouvement panafricain Osons pour l’Afrique, Dimitri Obame Eyene, vice-président du Morena, et Henri Omva du Congrès des Citoyens Libres (CCL), a attiré plus d’une trentaine de médias. Devant cette assemblée, le Pr Daniel Mengara a exprimé ses préoccupations quant à la gestion actuelle du pays par les militaires, soulignant le manque de rupture avec la gouvernance du régime déchu et l’instauration d’un autoritarisme qui paralyse le paysage politique.

 

Le coup d’État militaire du 30 août 2023 a été salué par certains comme une opportunité de rupture avec le régime Bongo. Cependant, les inquiétudes grandissent quant à la gestion du pays par les militaires. Le Pr Mengara a souligné que, bien que le coup d’État ait été salutaire, il est crucial de s’engager dans un dialogue franc et sincère pour réformer les institutions et organiser des élections libres et justes, pour éviter une autocratie militaire.

« Nous ne sommes pas anti-militaires, bien au contraire. Nous pensons que les militaires ont un rôle à jouer, c’est celui de la protection de la République. Mais ils n’ont pas de rôle à jouer en politique. Nous n’allons pas entrer dans une ère où ce sont des militaires qui dirigent notre pays. Parce que, comprenez-moi, quand vous rentrez dans l’ère de la militarisation du pouvoir politique, ça ne s’arrête pas souvent. Et ça, c’est dangereux. Donc, nous comprenons, nous, au mouvement qu’on appelle aujourd’hui « Congrès des citoyens libres », que le Gabon a besoin de s’engager dans un dialogue franc. » Dit-il.

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Le Pr Mengara a critiqué l’hyper présidentialisme qui a marqué le Gabon pendant 56 ans et a appelé à une réduction des pouvoirs du président, peut-être en adoptant un système parlementaire. Il a critiqué la distribution d’argent sans transparence et les menaces contre les syndicalistes. Il a également dénoncé les modifications de la charte de la transition sans l’approbation du Parlement et l’arrogation de titres par le président de la transition.

« Le Gabon a souffert d’un président roi qui décidait de tout, sans contre-pouvoir. La solution est de réduire les pouvoirs du président et peut-être adopter un système parlementaire », a-t-il affirmé.

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La charte de transition, promulguée le 4 septembre 2023, prévoyait la convocation d’un « collège de désignation » pour élire le président de la transition. Cependant, cette élection n’a jamais eu lieu. Le Pr Mengara a dénoncé cette omission, affirmant que le général Brice Clotaire Oligui Nguema a prêté serment sans avoir été élu, en violation de la charte.

« La charte a été promulguée dans la nuit du 4 septembre, et c’est le même matin que le général a prêté serment sur cette charte. À quel moment cette élection s’est-elle organisée ? » a-t-il demandé. Cette question met en lumière les écarts entre les promesses de la charte et la réalité des actions du CTRI.

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Marc Ulrich Malekou, dans son discours, a apporté un soutien sans équivoque à la candidature de Daniel Mengara Minko. Il a critiqué les résolutions du récent dialogue national gabonais, dénonçant l’arbitraire, le déni de citoyenneté, le manque de transparence électorale et les tentatives de monarchisation de la République. Malekou a souligné que ces problèmes ont motivé la création de la plateforme « Je Vote Non » au prochain référendum à laquelle appartiennent le mouvement panafricain Osons pour l’Afrique et le Congrès des citoyens libres et a insisté sur la nécessité d’un environnement de transparence électorale pour garantir la sincérité du vote.

 

Le président du mouvement panafricain Osons pour l’Afrique, a critiqué les restrictions imposées par le dialogue national, notamment l’exclusion des candidats de la diaspora, des personnes mariées à des non-Gabonais et des personnes âgées de plus de 70 ans. Il a cité des exemples internationaux, comme Nelson Mandela et Joe Biden, pour illustrer l’absurdité de ces restrictions.

« Ces restrictions sont arbitraires et antidémocratiques. Elles visent à éliminer des adversaires politiques et à préparer des institutions sur mesure pour un individu », a-t-il déclaré.

Le Code électoral promulgué par le général Brice Clotaire Oligui Nguema a également été critiqué par Malekou, qui l’a qualifié de biaisé et de porteur des germes du déficit de transparence et du déni de pluralisme démocratique. Il a conclu en affirmant que le Gabon n’est pas à vendre et en souhaitant plein succès à la cérémonie d’investiture de Daniel Mengara Minko.

« Le Gabon n’est pas à vendre. Nous devons nous assurer que le Gabon soit gouverné de manière juste et démocratique », a-t-il conclu.

 

En annonçant sa candidature, le Pr Mengara a appelé à la transparence électorale et à la fin de l’arbitraire. Il a critiqué le Code électoral promulgué par le général Oligui Nguema, le qualifiant de biaisé et de porteur des germes du déficit de transparence et du déni de pluralisme démocratique.

Mengara a conclu en déclarant : « Aujourd’hui, je déclare ma candidature à la présidence de la transition et à l’élection présidentielle de 2025. Le Congrès des Citoyens Libres se déploiera pour implanter notre parti sur le territoire national. Nous ne devons pas attendre l’autorisation pour agir. Le débat politique doit être simplifié. La fraude électorale s’organise en amont. Quand on élimine des concurrents ou monopolise l’organisation des élections, c’est de la fraude. Un citoyen normal doit s’y refuser. »

 

Cette déclaration de candidature de Daniel Mengara à la présidence de la transition et à l’élection présidentielle de 2025 marque un tournant décisif dans la politique gabonaise. Elle met en lumière les défis de la restauration des institutions et la nécessité d’un dialogue franc et sincère. Le Gabon se trouve à la croisée des chemins, et la manière dont il répondra à ces défis déterminera son avenir démocratique.

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