Ce lundi 28 octobre, le Collectif des Étudiants a tenu une conférence de presse pour dénoncer des irrégularités constatées lors du concours de l’École Nationale d’Administration (ENA) pour la session 2024. Les étudiants ont souligné plusieurs violations des lois et des principes fondamentaux, notamment en ce qui concerne les frais de dossier et les conditions d’organisation du concours.
Marqué par une transition politique et institutionnelle, suite aux événements du 30 août 2023, gouvernée par la charte de la transition, qui s’appuie sur la constitution de 1991, et par un chômage élevé et des fonctionnaires bloqués dans leur carrière depuis de nombreuses années, le Concours d’entrée à l’école nationale de l’administration aurait du mettre en avant des valeurs telles que le patriotisme, la loyauté, la probité, la justice, l’impartialité et la dignité, ainsi que le principe du mérite.
Mais suite au dégel des mesures de recrutement et d’avancement dans la fonction publique, qui étaient gelées depuis 10 ans. L’arrêté 00-0009-PM-MFP-RC du 24 novembre 2023 levant le gel et permettant l’organisation de concours, y compris celui de l’ENA, pour les externes et les internes, le Collectif des candidats recalés estiment que ces valeurs et principes n’ont pas été respectés lors du concours de l’ENA.
Irrégularités et Violations de la Loi
Les étudiants dénoncent le manque de neutralité, de transparence et d’intégrité dans l’organisation du concours, ainsi que la non-application du principe du mérite. Ils expriment leur indignation face à ces irrégularités et appellent à ce que les promesses de la charte de la transition soient respectées.
Initialement prévu pour les 11 et 12 mai 2024, le concours a connu un faux départ, largement médiatisé et qualifié de fiasco.
« Ce concours était prévu pour être organisé du 11 au 12 mai 2024. Et comme vous le voyez ici, ça a été un faux départ…C’était un fiasco » a déclaré Judas Biwagou, porte-parole du collectif.
Finalement, le concours a été reprogrammé pour les 9 et 11 août 2024, avec une publication des listes provisoires le 2 août. Les étudiants critiquent la manière dont les listes ont été communiquées, principalement via la page Facebook du ministère de la Fonction publique, ce qui est considéré comme discriminatoire pour ceux qui n’ont pas accès à Internet. Selon la loi, l’information doit être accessible à tous de manière juste et équitable.
« Le texte qui ouvre les concours aux gabons prévoit comment est-ce que les listes doivent être communiquées et publiées. On dit que c’est par voie de presse. Je ne sais pas si aujourd’hui la page Facebook du ministère de la fonction publique est construite comme une voie de presse, que chacun apprécie, » dit-il.
Du 3 au 6 août 2024, des recours ont été introduits pour être inclus sur la liste définitive, qui a été publiée le 8 août sur le site internet et la page Facebook du ministère de la Fonction publique.
Violations de l’Arrêté Régissant le Concours
Les étudiants estiment que l’arrêté numéro 0007/MFP RC / SG / DGFP / DGR/ CSCA, qui régit l’organisation du concours, a été violé de manière flagrante, notamment les articles 2, 8, 11, 12 et 15. Ils dénoncent le manque de respect des procédures légales et des principes de justice et d’équité.
Il a souligné, « pour cet arrêté et pour tout le statut juridique, nous disons que l’arrêté numéro 007 que nous venons de vous présenter a été de façon flagrante et même, je dirais, outrancière, violée. Notamment les articles 2, 8, 11, 12 et 15. »
Initialement prévu pour mai 2024, le concours a été reprogrammé pour août 2024 sans qu’un nouvel arrêté rectificatif soit publié, ce qui constitue une violation de la loi. Les étudiants soulignent que l’arrêté initial prévoyait des conditions d’admissibilité strictes, mais des personnes qui n’ont pas concouru se sont retrouvées admissibles, ce qui est une violation flagrante des conditions d’admissibilité.
De plus, l’arrêté prévoyait trois disciplines pour le second tour, mais en cours de concours, il a été décidé que les candidats ne passeraient que deux matières au choix. Cette modification en cours de route est considérée comme une violation de la loi.
Les étudiants critiquent également la manière dont les résultats ont été publiés. Selon l’arrêté n° 672 du 17 juin 1976, les résultats doivent être publiés par arrêté du ministre de la Fonction publique et diffusés par voie de presse. Cependant, les résultats ont été annoncés via un communiqué du porte-parole du ministère et publiés sur la page Facebook du ministère, ce qui est jugé discriminatoire et non conforme à la loi.
Recours Hiérarchique et Demande d’Annulation
Pour contester ces irrégularités, les étudiants ont introduit un recours hiérarchique auprès du Premier ministre, demandant simplement que le droit soit respecté et appliqué. À ce jour, ils n’ont reçu aucune réponse de l’administration. Les étudiants estiment que ces irrégularités mettent à mal l’intégrité de l’ENA et appellent à une réaction diligente de l’État pour rétablir la justice et l’équité.
« Nous demandons simplement l’annulation de ce concours. C’est la loi qui le dit. Nous voulons que les autorités appliquent la loi, » a déclaré Judas Biwagou, président du Collectif.
Preuves et Données Chiffrées
Les étudiants ont présenté des preuves concrètes, notamment les noms de huit Gabonais qui se retrouvent sur la liste des admis mais qui ne figuraient pas sur les listes des admissibles. Ils ont également souligné que des candidats ayant de meilleurs résultats ont été exclus de manière injuste.
Au total, 3154 candidats ont participé au concours, chacun ayant payé 25 000 francs CFA de frais de concours, ce qui représente plus de 78 millions de francs CFA pour l’État. Les étudiants estiment que ces fonds auraient dû permettre une meilleure organisation du concours, mais ils dénoncent un manque de volonté et de transparence de la part des autorités.
Les déclarations du Collectif des Étudiants soulèvent des questions sérieuses sur l’intégrité et la transparence des processus administratifs au Gabon. La violation flagrante de la loi et des principes de déontologie de la fonction publique est préoccupante, surtout dans un contexte de transition politique et institutionnelle où l’État s’engage à promouvoir la justice, l’équité et la transparence.
Il est crucial que les autorités prennent ces allégations au sérieux et mènent une enquête approfondie pour rétablir la confiance des citoyens dans les institutions publiques. L’absence de réponse de l’administration à ce jour est également inquiétante et soulève des questions sur la volonté des autorités de rendre des comptes et de respecter les principes de l’État de droit.
le Collectif des Étudiants appelle à une réaction diligente de l’État pour rétablir la justice et l’équité. Leur demande d’annulation du concours est légitime et doit être prise en compte pour garantir que les futurs concours soient organisés de manière transparente et équitable.