Atelier Régional pour un Engagement Mondial contre les Cosmétiques au Mercure

 Après trois jours de travaux intensifs, l’Atelier Régional sur l’élimination des produits cosmétiques éclaircissants pour la peau à base de mercure a pris fin ce mercredi 22 juin 2025 au Radisson Blu. Présidée par Raymond Ndong Sima, Premier Ministre, la cérémonie de clôture a réuni des représentants de pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, d’Amérique et d’Asie, ainsi que des agences des Nations Unies, du secrétariat général de Minamata, et d’autres organismes internationaux tels que l’Institut de Recherche sur la Biodiversité (BRI), le Partenariat Mondial sur le Mercure, et les Fonds pour l’Environnement Mondial.

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La cérémonie a été marquée par les discours de circonstance du ministre de la Santé, Pr Adrien Mougougou, de Monika Stankewich, Secrétaire exécutif de la convention de Minamata, et de Dr Rose Mwebaza, Directeur et Représentant régional du PNUE.

 

Un enjeu global, pas seulement africain

 

Dr. Rose Mwebaza, représentante du PNUE, a d’emblée replacé le débat dans un contexte international. « Le blanchiment de la peau n’est pas un phénomène limité aux populations afro-américaines », a-t-elle souligné, rappelant la dimension mondiale de cette pratique, influencée par des facteurs économiques et sociaux, et non limité aux Afro-Américains.

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Elle a mis en garde contre les dangers des produits éclaircissants, qui présentent des risques pour la santé des utilisateurs et de leurs familles.

Monika Stankewich, lors de son discours sur les cosmétiques contenant du mercure, a également averti que ces produits nuisent particulièrement aux femmes enceintes et aux enfants. L’élimination de ces cosmétiques pourrait améliorer la santé publique en Afrique et au-delà.

 

Une problématique sociétale complexe

 

La cérémonie de clôture a été marquée par l’animation d’une table ronde par Raymond Ndong Sima, réunissant les membres du gouvernement et du parlement, ainsi que la lecture d’une déclaration d’engagement des ministres africains en charge de la santé et de l’environnement sur l’élimination des produits cosmétiques dermiques éclaircissants à base de mercure.

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Cette table ronde a permis aux ministres des affaires sociales, de la culture, de la communication, du commerce et à Angélique Ngoma, présidente de la Commission parlementaire chargée des affaires sociales, de présenter les causes de l’utilisation répandue des méthodes dermiques d’éclaircissement et de proposer des pistes pour éliminer cette tendance esthétique au Gabon.

Laurence Ndong, relevant la perte des repères sociaux, a recommandé le changement des égéries de publicité et de la mode en inscrivant les représentations socioculturelles nationales. Elle a proposé la mise en place d’une réglementation imposant les critères reflets des cultures locales dans les concours de beauté, les émissions télévisées, ainsi que dans la distribution des produits cosmétiques issus de l’exportation des entreprises étrangères au Gabon.

Parfaie Amouyeme Ollame épse Divassa, ministre du commerce et des PME-PMI, a considéré l’aspect informel de la distribution, l’absence d’outillage dans les salons esthétiques et de massage, et l’ignorance des consommateurs des conséquences néfastes de ces produits sur la santé, couplée à leur qualification de produits pharmaceutiques, comme un frein à l’élimination des produits cosmétiques éclaircissants contenant du mercure. Elle a recommandé la création d’un cadre réglementaire interdisant non seulement les produits cosmétiques à base de mercure mais aussi ceux faits avec des substances nocives déterminées par le ministère de la santé. Elle a proposé la mise en place d’une brigade de contrôle dans les points de vente du pays et d’une cellule de veille.

Le ministre de la culture, Armande Longo Moulengui, a relevé que l’expansion de la dépigmentation tient du refus des peuples chamites de leur identité et de l’influence des médias de masse. « Les peuples chamites ne s’acceptent pas, » a-t-elle déclaré. Cette tendance tient également à la faible présence des produits de beauté vertueux sur le marché, au profit des produits nocifs.

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L’une des solutions à ce problème consiste à agir sur les mentalités et revenir sur les fondements de la beauté africaine d’autrefois par la sensibilisation auprès des jeunes à l’acceptation de soi, et la promotion des produits de beauté naturels tels que le beurre de Moabi, le beurre de karité, l’huile d’amande douce, ainsi que l’organisation des concours de beauté ébène.

 

 

Au-delà des cosmétiques : un combat pour l’identité

 

Angélique Ngoma, Présidente de la Commission parlementaire des Affaires Sociales au Gabon, a souligné l’impact des normes de beauté et des intérêts économiques sur la santé publique.

 

Elle a appelé à une sensibilisation nationale et à des textes législatifs conformes aux réalités actuelles pour protéger la population. Elle insiste sur l’importance de l’éducation, de la communication et de l’adaptation des lois environnementales et technologiques. La présidente de la Commission parlementaire des Affaires Sociales a résumé l’enjeu : « Il ne s’agit pas seulement de réglementer, mais de protéger notre population et notre culture. »

Elle a exhorté à une action collective pour garantir le bien-être humain et applaudit les innovations législatives en cours au parlement.

 

Un engagement politique fort

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Point d’orgue de cette cérémonie, la lecture par Mays Mouissi, ministre de l’environnement du Gabon, de la déclaration d’engagement des ministres de la santé et de l’environnement des pays participants à cet atelier à éradiquer les produits cosmétiques fabriqués avec du mercure dans leurs pays.

 

 

L’atelier a démontré que la lutte contre les produits éclaircissants dépasse largement un simple enjeu cosmétique. C’est un combat pour la santé, l’identité et la dignité.

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