Ce samedi 1er mars, Alfred Nguia Banda, figure emblématique de la lutte pour la démocratie au Gabon, a tenu une conférence de presse depuis son domicile à Akanda, deux semaines après son retour au pays après neuf longues années d’exil en France. Devant un parterre de journalistes et de sympathisants, il a partagé un récit poignant de son parcours, dénonçant les dérives autoritaires du régime d’Ali Bongo et appelant à une reconstruction nationale sous l’égide du général Brice Clotaire Oligui Nguema, actuel président de la transition.

Un retour marqué par l’émotion et l’espoir
Alfred Nguia Banda a structuré son discours autour de trois axes majeurs : les circonstances de son départ forcé du Gabon, sa vie en exil en France, et son retour dans un pays en pleine transition politique. Son témoignage, à la fois personnel et politique, a mis en lumière les épreuves endurées par les opposants au régime d’Ali Bongo, tout en exprimant un espoir renouvelé pour l’avenir du Gabon.
« Le Gabon a traversé des heures sombres, mais aujourd’hui, nous avons une chance historique de tourner la page et de construire un avenir meilleur », a-t-il déclaré, qualifiant le coup d’État du 30 août 2023 de « libération » après des décennies de « dictature féroce et stalinienne ».
Les épreuves d’un exilé politique
Banda a longuement évoqué les événements du 23 août 2020, jour où il a été victime d’une embuscade tendue par des agents de la Direction générale de la recherche (DGR). Il a décrit avec émotion comment il a échappé à une tentative d’assassinat en sautant une barrière de deux mètres, une chute qui lui a valu une double fracture de la cheville. « Ces hommes, que je qualifie de terroristes, ont envahi ma propriété, détruit mes biens, volé de l’argent et même mes chiots. Ils ont arrêté et torturé mon neveu, mon maître d’hôtel et mon gardien, laissant des séquelles physiques et psychologiques », a-t-il raconté.
Il a dénoncé les agissements « illégaux et violents » de la DGR, une institution censée enquêter sur les infractions, mais qui, selon lui, a été instrumentalisée pour réprimer les opposants politiques. « La caporalisation des intelligences et des consciences a été un outil de gouvernance sous le régime d’Ali Bongo », a-t-il affirmé, critiquant la « pensée unique » et « l’obscurantisme » qui ont régné pendant des années.
La France, terre d’accueil et d’épanouissement
Arrivé en France en 2016 après une exfiltration mouvementée via le Cameroun, Alfred Nguia Banda a immédiatement sollicité l’asile politique, qui lui a été accordé par l’Office de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA). Il a exprimé sa profonde gratitude envers les autorités françaises pour leur soutien. « Je ne cesserai de remercier les autorités françaises qui ont mis à ma disposition des moyens substantiels pour vivre dignement. Mes enfants ont pu être scolarisés, et ma fille aînée étudie aujourd’hui à l’université », a-t-il déclaré.

En exil, Banda a non seulement consolidé ses connaissances académiques, mais il a également tissé des liens avec la diaspora gabonaise résistante. « Cette période a été un moment d’épanouissement multiforme et multidimensionnel. J’ai côtoyé des acteurs politiques, acquis une expérience profonde et renforcé mon engagement pour la démocratie », a-t-il souligné.
Un appel à l’unité et à la reconstruction nationale
Alfred Nguia Banda a salué le rôle du général Brice Clotaire Oligui Nguema, qu’il présente comme le « libérateur » du Gabon. « Le coup d’État du 30 août 2023 a marqué la fin d’une dictature féroce. Aujourd’hui, nous avons l’opportunité de reconstruire notre pays sous la direction d’hommes talentueux, compétents et honnêtes », a-t-il affirmé, tout en appelant à une transition inclusive.

Il a également critiqué les divisions ethniques et les comportements de jalousie au sein de la société gabonaise, déclarant : « L’altogovéen est un loup pour l’altogovéen. Nous devons surmonter ces divisions et travailler ensemble pour l’avenir de notre pays. »
Nguia Banda a réaffirmé son soutien au général Oligui Nguema, encourageant sa candidature aux élections prévues le 12 avril 2025. « Le Gabon a besoin de tous ses fils, y compris ceux de la diaspora, pour avancer. Nous devons dire la vérité à nos dirigeants, mais avec élégance et respect, car c’est ainsi que nous construirons un Gabon meilleur », a-t-il conclu.
Un message d’espoir pour l’avenir
Le discours d’Alfred Nguia Banda a été marqué par un mélange d’émotion, de détermination et d’espoir. Alors que le Gabon s’engage dans une nouvelle ère politique, son appel à l’unité et à la réconciliation résonne comme un message fort pour tous les Gabonais. « Le temps est une grande thérapie. Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître », a-t-il rappelé, insistant sur la nécessité de laisser le temps agir pour guérir les blessures du passé.
Avec son retour au pays et son engagement renouvelé, Alfred Nguia Banda incarne désormais l’espoir d’un Gabon réconcilié et tourné vers l’avenir.
