Ce mardi matin, au Ministère du budget et des comptes publics, l’intersyndicale des régies financières et administrations assimilées a tenu une assemblée générale chargée de tensions et d’attentes. Les leaders syndicaux, réunis pour faire le point sur leurs luttes et négociations, ont lancé un avertissement sans équivoque au gouvernement : si leurs revendications ne sont pas satisfaites d’ici le 12 avril 2025, date prévue pour les élections présidentielles, la « paix sociale » pourrait voler en éclats.
Un dialogue constructif, mais des résultats insuffisants
Mbadinga Moussavou Judicaël, président de l’intersyndicale des Régies financières, a ouvert la séance en rappelant les 15 mois de trêve sociale accordés au Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI). Pendant cette période, les syndicats ont maintenu un dialogue constructif avec les autorités, notamment avec le Premier ministre Raymond Ndong Sima et le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema. Cependant, malgré des avancées administratives, comme le dégel des concours et des mises en stage, les syndicalistes déplorent l’absence de progrès significatifs sur les questions financières et sociales.
Décote et arriérés : les revendications phares
Davy Mounguengui, président du Syndicat du Trésor, a pointé du doigt les défis financiers persistants. Il a rappelé que si les caisses de l’État sont vides, elles auraient entraîné des difficultés à payer les dettes intérieures et extérieures, à honorer les pensions et à entretenir les infrastructures publiques, routes en béton etc. Ce qui n’est pas le cas actuellement. L’une des principales revendications de l’intersyndicale est la levée des 38% de décote, une mesure qui pèse lourdement sur les salaires des agents. De plus, les syndicats exigent le paiement des arriérés en trois échéances, avec un premier versement avant la fin de la transition.
« Nous ne sommes pas des syndicalistes d’opposition, mais de proposition », a déclaré Mounguengui, soulignant les efforts de l’intersyndicale pour proposer des solutions concrètes. Parmi ces propositions figurent l’audit des fichiers de primes et des effectifs, la suppression des « agents fantômes », et l’harmonisation des grilles salariales pour garantir l’équité.
Un mois décisif pour éviter l’explosion sociale
Mbadinga Moussavou Judicaël a lancé un ultimatum clair : « Il nous reste un mois pour voir notre salut. Un mois de jeûne, un mois de carême, et un mois d’attente pour le salut. » L’intersyndicale exige que la décote soit levée et qu’un tiers des arriérés soit payé avant le 12 avril 2025. « Si nous voulons sortir de la misère, de la précarité, du Ngori, nous attendons la levée de la décote et le paiement d’un tiers des arriérés », a-t-il insisté.
En cas d’échec, les syndicats menacent de rompre la trêve sociale. « Il n’y aura pas de 12 avril », ont-ils scandé, laissant planer la menace d’une mobilisation massive qui pourrait perturber le processus électoral et plonger le pays dans une crise sociale profonde.
Un gouvernement sous pression
Cette assemblée générale met en lumière les tensions croissantes entre les syndicats et le gouvernement de transition. Alors que les autorités se félicitent des avancées administratives, les agents des régies financières, eux, attendent des actes concrets sur le plan financier. La question de la décote et des arriérés est devenue un symbole de la précarité économique qui frappe les fonctionnaires, et son règlement est perçu comme un test de la volonté politique du gouvernement.
Le délai d’un mois donné par l’intersyndicale place le gouvernement dans une position délicate. D’un côté, il doit gérer les attentes légitimes des agents tout en préparant les élections présidentielles. De l’autre, il doit éviter à tout prix une crise sociale qui pourrait compromettre la stabilité du pays.
Une bombe à retardement sociale ?
Alors que la transition politique entre dans sa phase finale, l’intersyndicale des régies financières a lancé un avertissement sans équivoque : sans décote levée et sans paiement des arriérés, la paix sociale ne tiendra pas. Le gouvernement a désormais un mois pour agir. Dans un contexte politique déjà tendu, cette situation pourrait devenir une bombe à retardement sociale, avec des conséquences imprévisibles pour l’avenir du pays.
Les prochaines semaines seront cruciales. Le gouvernement parviendra-t-il à répondre aux attentes des syndicats et à éviter une crise sociale majeure ? Ou bien le 12 avril 2025 marquera-t-il le début d’une nouvelle période de turbulences ? L’heure est à l’action, et le compte à rebours a déjà commencé.