Dans une déclaration aussi ferme que lyrique, l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS) a rompu le silence ce jeudi 27 mars, lors d’une conférence de presse aussi médiatisée qu’incendiaire. Le parti y dénonce avec virulence « l’injustice, l’arbitraire et l’ignominie » subis par son leader, Hervé Patrick Opiangah (HPO), depuis son arrestation controversée le 20 novembre 2024. Mais au-delà du plaidoyer pour un homme, c’est un réquisitoire implacable et factuel contre les autorités de la Transition que dresse l’UDIS, accusant le pouvoir d’entraver la démocratie, l’emploi, et même… le droit à manifester.
Un procès politique ?
L’UDIS, par la voix d’Edmond Epoma Ngadi, campe sur une ligne offensive : « Nous ne lâcherons rien », martèle-t-elle, exigeant la réhabilitation « de l’honneur, de la réputation et de la dignité » d’HPO. Le ton est donné, et il est sans concession. Le parti affirme avoir fourni des « preuves matérielles » à l’ambassade de France, sollicitée comme garante des « valeurs de Liberté, d’Égalité ». Un choix stratégique qui interroge : la France, ancienne puissance coloniale, est-elle perçue comme un dernier rempart contre les dérives autocratiques ?
Mais le cœur du combat réside dans l’absence de plainte officielle contre Opiangah. « Aucune victime, aucune infraction », clame l’UDIS, dépeignant une machination politique. La référence aux magistrats « vautrés dans la dénégation » enfonce le clou : la justice gabonaise est-elle instrumentalisée ?
L’emploi, arme de dissuasion massive
L’argument économique pourrait faire mouche. La fermeture de la Holding HPO & Associés a jeté « des milliers d’employés directs et indirects » dans le chômage. L’UDIS interpelle le Président de la Transition : « Votre adversaire, c’est l’emploi », avait-il déclaré. Ironie cruelle : ses propres politiques créent-elles le mal qu’il prétend combattre ? La question fuse, acerbe.
Le silence qui accuse
Le vrai coup de théâtre réside dans l’interpellation directe du chef de l’État. « Qui ne dit mot, consent », lance Edmond Epoma Ngadi, citant Desmond Tutu : « La neutralité dans l’injustice, c’est choisir le camp de l’oppresseur ». La charge est lourde de sous-entendus : le pouvoir est-il complice d’une « conspiration » contre HPO ?
Pire, le ministère de l’Intérieur, saisi depuis le 19 mars pour autoriser des manifestations pacifiques, reste muet. Un « silence qui interroge », d’autant que des marches pro-gouvernementales sont, elles, autorisées. L’UDIS prévient : le régime déclaratif ne nécessite pas d’autorisation, mais une simple information. Traduction : les rues de Libreville pourraient bientôt gronder.
HPO, un ennemi imaginaire ?
Citant abondamment Hervé Patrick Opiangah lui-même, extraits de son livre à l’appui : « Je travaillerai avec toutes les composantes politiques… Le peuple a faim, la bataille politicienne attendra ». L’UDIS fait passer un message clair : HPO ne serait pas un rival, mais un partenaire potentiel. La balle est dans le camp du Président de la Transition. L’histoire, et Dieu, « regardent».
Un bras de fer à haut risque
Entre mobilisation citoyenne, pressions internationales et menace de descente dans la rue, l’UDIS joue son va-tout. Le pouvoir, lui, est dos au mur : continuer à ignorer ces appels risquerait d’enflammer une opinion publique déjà sceptique sur les promesses de la Transition.
Une chose est sûre : dans cette partie d’échecs politique, l’UDIS vient de jouer un gambit audacieux. Reste à savoir si le pouvoir osera le prendre.
