Joseph Lapensée Essingone : une campagne de proximité pour séduire l’électorat populaire

À quelques jours du scrutin présidentiel du 12 avril, Joseph Lapensée Essingone, candidat à la magistrature suprême, a choisi une stratégie électorale fondée sur le contact direct avec les Gabonais. Après une première phase de meetings locaux, il a sillonné ce dimanche 30 mars trois marchés populaires de Libreville – Nkembo, Nzeng-Ayong et Banane du PK8 – pour y déployer son discours, mêlant critique des élites, promesses de transformation et appel à une rupture politique.  

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Un candidat qui se revendique « du peuple »

 

Dès son arrivée au marché de Nkembo, Essingone a joué la carte de l’authenticité, rappelant ses origines modestes et son attachement au petit commerce. « Ma mère était commerçante quand j’étais au lycée. J’ai grandi avec l’argent du commerce. Donc moi, je ne suis pas quelqu’un qui peut mépriser les commerçants », a-t-il lancé, sous les applaudissements. Un discours habile, qui contraste avec celui des candidats traditionnels, souvent perçus comme éloignés des réalités économiques des Gabonais.

 

Son message ? Une dénonciation sans concession de la classe politique en place. « Ils nous ont assez menti »,a-t-il asséné, promettant de rompre avec les pratiques clientélistes. Plutôt que de déployer des moyens financiers colossaux – « l’argent l’était où ? Pour acheter les médicaments à l’hôpital »–, il mise sur une « campagne de proximité », où l’écoute prime. Une posture qui séduit visiblement : « Je viens vous trouver là où vous êtes pour vous écouter, pour avoir vos problèmes. Parer changer le Gabon, c’est vous donner ce que vous souhaitez. »

 

« Sanctionner ceux qui ont mis le pays dans le chaos » 

 

À Nzeng-Ayong, Essingone a durci le ton, fustigeant des dirigeants accusés de « se remplir les poches » tout en important massivement au détriment de l’économie locale. « Cette fois-ci, nous devons sanctionner ces gens-là », a-t-il martelé, se présentant comme « le candidat des pauvres ». Il a aussi promis de rénover le marché, qualifié de simple « hangar », pour en faire un espace « digne de ce nom ».

 

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Les commerçantes, en première ligne des difficultés économiques, lui ont répondu avec un mélange d’espoir et de scepticisme. « Nous souffrons, nous sommes là. On n’a même pas assez de moyens », a témoigné l’une d’elles, appelant à un soutien concret.

 

Les femmes commerçantes, électorat clé  

 

Au marché Banane du PK8, Essingone a recentré son discours sur la place des femmes dans l’économie, dénonçant leur marginalisation. « La Gabonaise n’est pas considérée », a déploré Niaré Sabine, porte-parole des commerçantes, pointant du doigt la concurrence déloyale des étrangers et le manque d’opportunités pour les jeunes diplômés.

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Le candidat a saisi la balle au bond, promettant d’améliorer leurs conditions de travail et de « sanctionner ceux qui se sont moqués d’eux ». « Je suis un des vôtres. Je comprends vos problèmes, j’ai grandi là-dedans », a-t-il insisté, dans une rhétorique volontiers populiste mais efficace.

 

Une stratégie payante ? 

 

En ciblant les marchés, Joseph Lapensée Essingone mise sur un électorat populaire, souvent délaissé par les grands partis. Son discours, teinté de critique sociale et de promesses de rupture, cherche à capitaliser sur la défiance envers les élites.

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Reste à savoir si cette campagne de terrain suffira à convaincre au-delà de son cœur de cible. Les commerçantes, comme Hubertine Ngo à Nkembo, semblent prêtes à lui donner une chance : « Mets ta ceinture, rentre dans le jeu. » Mais dans un paysage politique gabonais encore marqué par les clivages traditionnels, l’outsider parviendra-t-il à transformer l’essai ? Réponse le 12 avril.

 

Un pari risqué, mais un message qui résonne

 

Essingone incarne une nouvelle génération de candidats, refusant le faste des campagnes classiques pour un discours raw et direct. En s’adressant aux oubliés de l’économie informelle, il tente de construire une légitimité par le bas. Mais derrière les mots, les Gabonais attendront des actes – et la promesse d’un marché « digne » pourrait bien devenir son premier test en cas de victoire.

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