La coalition du Réseau des Observateurs Citoyens (ROC) et Tournons la Page (TLP) a livré lundi 14 avril un bilan globalement positif de l’élection présidentielle gabonaise du 12 avril 2025. Lors d’une conférence de presse tenue à l’hôtel Hibiscus de Louis, les organisations de la société civile ont présenté leurs observations et recommandations suite au déploiement de plus de 900 observateurs à travers le territoire national.

Un scrutin dans un climat apaisé
« La journée électorale du 12 avril 2025 s’est déroulée dans un environnement sain », a déclaré Mme Blanche Simonie Abeghe, coordonnatrice de la mission ROC. Parmi les points positifs relevés: l’absence de fermeture des frontières, l’absence de couvre-feu et le maintien de la connexion internet pendant toute la période électorale – des éléments qui contrastent avec certains scrutins antérieurs dans le pays.
Les observateurs ont également noté l’absence de violences dans les centres de vote et dans les rues, ainsi que l’opérationnalisation du vote des détenus, une première au Gabon qui témoigne d’une volonté d’inclusion démocratique.
Une méthodologie rigoureuse
La mission d’observation s’est appuyée sur un dispositif impressionnant: 914 observateurs formés et déployés selon les standards internationaux, équipés d’outils digitalisés pour la collecte des données. Pour garantir l’efficacité du processus, des « cellules de veille » comprenant des chambres techniques, analytiques et politiques ont été mises en place.

« Nous pouvons dire que nos objectifs ont été atteints », a souligné la coordinatrice, qui met en avant la rigueur méthodologique comme garante de la crédibilité des conclusions présentées.
Quelques dysfonctionnements relevés
Malgré ce bilan globalement positif, plusieurs dysfonctionnements ont été identifiés. La mission déplore notamment « la remise tardive des accréditations » et le « refus d’accès aux observateurs nationaux dans certains bureaux de vote » en début de journée. Des représentants de candidats ont également été refoulés dans certains centres de vote.
Sur le plan de la campagne électorale, les observateurs ont noté « une domination du candidat Brice Clotaire Oligui Nguema sur l’occupation de l’espace public et médiatique, suivi du candidat Alain-Claude Billie bi Nzé », alors que les autres candidats souffraient d’une « très faible visibilité ».
Une représentation féminine insuffisante

Si le Gabon « se classe assez bien dans les évaluations régionales et mondiales de la représentation des femmes à des postes politiques », la mission regrette que sur huit candidats en lice, une seule femme ait été retenue. La coalition encourage les pouvoirs publics « à œuvrer davantage pour une meilleure émancipation de la femme » et une participation accrue à la vie politique.
Des recommandations pour l’avenir
La coalition formule plusieurs recommandations au gouvernement, notamment « d’alléger la procédure d’attribution des accréditations » et « d’élaborer un guide de l’observation nationale ». Elle suggère également la création d’un « observatoire national de la société civile en matière électorale » et appelle à une meilleure inclusion des parties prenantes dans l’organisation des scrutins.

Aux organisations de la société civile, la mission recommande de « développer des réseaux de partenariats » et de « renforcer la professionnalisation, la neutralité et l’impartialité » de leurs actions. Les partenaires techniques et financiers sont quant à eux invités à « soutenir les initiatives civiles » et à « aider la société civile à capitaliser les expériences ».
Un pas vers la consolidation démocratique
Au terme de cette élection jugée « régulière, crédible et transparente » dans les bureaux observés, la coalition ROC-TLP se félicite du « civisme élevé » du peuple gabonais qui « renforce la démocratie dans notre pays ». La mission remercie également les autorités gabonaises, les partenaires internationaux et les candidats « pour leur campagne non-violente qui a permis une élection apaisée ».
Cette présidentielle marque ainsi une étape importante dans la consolidation démocratique d’un Gabon en pleine transformation politique après des années de gouvernance contestée.
