À peine nommé, Adrien Nguema Mba, délégué spécial à la tête de la commune de Libreville, donne le ton de son mandat en annulant dix arrêtés jugés irréguliers. Ces décisions, signées par son prédécesseur à la veille de son départ, auraient eu pour effet d’alourdir considérablement la masse salariale de la mairie, déjà particulièrement élevée.
Pour rappel, le budget annuel de la commune de Libreville est estimé à 26 milliards de francs CFA, dont près de 17 milliards sont consacrés aux charges salariales. Un déséquilibre qui pèse lourdement sur les capacités d’investissement et de fonctionnement de l’institution.
L’Hôtel de Ville doit aujourd’hui composer avec un effectif pléthorique d’environ 3 000 agents, dont une bonne partie ne correspond ni aux besoins réels ni aux missions essentielles de la mairie. Une situation qui compromet durablement la viabilité financière de la collectivité.
Face à ce constat préoccupant, une question s’impose : Adrien Nguema Mba est-il l’homme providentiel capable de redresser cette institution fragilisée par des années de gestion clientéliste ?
Pour réussir, le nouveau délégué spécial devra relever un double défi : réduire la dépendance financière vis-à-vis de l’État qui assure actuellement plus de 60 % des ressources de la mairie et optimiser les recettes propres. Parmi les pistes évoquées figure la digitalisation du système de recouvrement, actuellement miné par des pratiques peu transparentes où une partie des recettes échappe au circuit officiel.
Jusqu’ici, la fonction de maire de Libreville a trop souvent été perçue comme une rente politique plutôt qu’un levier de service public. Adrien Nguema Mba pourra-t-il changer cette perception et impulser une gouvernance axée sur la rigueur, la transparence et l’efficacité ? Les prochains mois seront décisifs.
