Trafic d’ivoire : Ibrahim NGANGNI à nouveau devant la justice gabonaise le 27 juin 2025

L’affaire de trafic international d’ivoire impliquant Ibrahim NGANGNI, Guy EVOUNA et plusieurs autres complices s’apprête à connaître un tournant décisif. Après une première audience tenue en mai 2024 au Tribunal spécial de Libreville, le principal suspect Ibrahim NGANGNI comparaîtra à nouveau en appel le 27 juin prochain. Cette nouvelle audience correctionnelle est très attendue par les acteurs de la conservation de la faune au Gabon et au-delà.

Arrêtés il y a près de deux ans à Lambaréné et Makokou, les présumés trafiquants d’ivoire sont soupçonnés d’appartenir à un vaste réseau opérant entre le Gabon, le Cameroun et le Nigéria. Grâce à la collaboration entre les antennes provinciales de la Police Judiciaire, les Directions des Eaux et Forêts locales, la Direction de la lutte contre le braconnage et l’ONG Conservation Justice, ce réseau a été en partie démantelé.

 

Selon les éléments de l’enquête, Ibrahim NGANGNI aurait activement participé à la collecte, au transport et à la vente de défenses d’éléphants et d’ivoire brut. Il est accusé d’avoir facilité les transactions illicites dans plusieurs provinces du pays, notamment le Moyen-Ogooué, l’Ogooué-Ivindo, la Nyanga, la Ngounié, le Haut-Ogooué, le Woleu-Ntem et l’Estuaire.

 

Le cas d’Ibrahim NGANGNI inquiète particulièrement les défenseurs de l’environnement. Ce dernier est soupçonné d’être un complice direct de Ibrahim MAHAMADOU, interpellé en 2020 à la frontière camerounaise avec plus de 600 kg d’ivoire en provenance du Gabon. Déjà condamné à quatre mois de prison au Cameroun, MAHAMADOU avait ensuite été arrêté en 2024 au Nigéria avec plus de 200 kg d’ivoire, avant d’être relâché dans des circonstances troubles.

 

De son côté, NGANGNI avait été pris en flagrant délit de détention illégale de 21 défenses d’éléphants et de 4 morceaux d’ivoire, soit un total de 131 kg, accompagnés de munitions. Des faits graves, considérés comme relevant d’un trafic organisé à grande échelle.

 

Malgré la gravité des faits, les premières condamnations prononcées en 2024 allant de 18 à 24 mois de prison ferme – ont été jugées insuffisantes par la partie civile, en particulier par l’administration des Eaux et Forêts. La jonction des dossiers, pourtant demandée, avait été refusée par la cour, empêchant une vision globale du réseau. En conséquence, chaque dossier a été jugé séparément, affaiblissant l’impact judiciaire global.

 

Face à ce constat, l’administration a interjeté appel, espérant que la nouvelle audience du 27 juin permettra une requalification des faits et des peines plus conformes à la gravité du crime.

 

 

 

Le Code pénal gabonais prévoit jusqu’à 10 ans de prison pour des faits de trafic de produits fauniques protégés. Cette peine peut être doublée en cas de bande organisée, comme le stipule l’article 396. Dans ce dossier, les éléments à charge semblent démontrer l’existence d’un réseau structuré et de méthodes sophistiquées pour échapper à la vigilance des autorités.

 

L’issue du procès en appel est donc cruciale pour l’ensemble des acteurs engagés dans la lutte contre le braconnage et le trafic d’ivoire au Gabon. Elle pourrait constituer un signal fort contre l’impunité des réseaux criminels transfrontaliers et marquer une avancée majeure dans la protection de l’une des dernières grandes populations d’éléphants de forêt en Afrique centrale.

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