L’Union du Peuple Gabonais traverse une nouvelle crise institutionnelle qui menace de fracturer définitivement ce qui reste de l’ancien bastion de l’opposition gabonaise. Au cœur de la tourmente : Augustine Balouki épouse Mamboundou, veuve du légendaire Pierre Mamboundou, qui s’arroge des prérogatives qu’elle n’a jamais eues.
Alors que l’UPG pansait encore ses plaies après la gestion calamiteuse de Mathieu Mboumba Nziengui et les multiples défections qui ont suivi, voilà que surgit une nouvelle pomme de discorde. Augustine Balouki a annoncé, de son propre chef, la tenue d’une réunion des membres du parti ce jeudi 3 juillet à 16h au siège de l’organisation, sous prétexte de préparer le 34e anniversaire de l’UPG.
Une initiative qui aurait pu passer pour un élan patriotique si elle ne révélait pas une réalité plus troublante : cette femme, qui ne détient aucun mandat électif au sein du parti, s’érige en donneuse d’ordres. Ni présidente, ni secrétaire générale, ni même membre du bureau exécutif, Augustine Balouki foule aux pieds les statuts du parti avec une désinvolture qui laisse pantois. Elle serait l’auteur du communiqué devenu viral sur les plateformes et réseaux sociaux annonçant la tenue de cette rencontre importante.
Selon certaines sources, les langues se délient et les critiques fusent. « Sur quelle base la veuve de Pierre Mamboundou convoque-t-elle une réunion ? » s’interrogent les militants de base, visiblement excédés par cette entorse flagrante aux règles démocratiques internes.
La question est d’autant plus légitime que l’UPG n’est pas – du moins pas encore – devenue une monarchie héréditaire où le statut de veuve confère automatiquement des droits politiques. « La qualification de veuve du feu président Pierre Mamboundou lui donne-t-elle le droit d’être membre du directoire du parti ? » lance un militant, résumant parfaitement le malaise ambiant.
Cette polémique soulève des questions fondamentales sur la nature même de l’UPG. Sommes-nous en présence d’un parti politique régi par des statuts clairs et des procédures démocratiques, ou d’une organisation clanique où les liens familiaux priment sur la légitimité institutionnelle ?
Les militants les plus virulents n’hésitent pas à dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une tentative de « coup d’État silencieux ». Pour eux, Augustine Balouki ne se contente pas de bafouer les règles : elle insulte la mémoire même de son défunt époux, qui avait bâti l’UPG sur des fondations solides et des principes démocratiques intangibles.
Cette nouvelle crise intervient à un moment particulièrement critique pour l’UPG. Affaibli par des années de querelles intestines, décimé par les départs en cascade et désorienté par l’absence de leadership clair, le parti peine déjà à maintenir sa cohésion. L’irruption d’Augustine Balouki dans l’arène politique interne risque de porter le coup de grâce à une organisation déjà fragilisée.
« L’UPG n’est pas un parti politique bananier où des individus peuvent se substituer aux instances dirigeantes au gré de leurs humeurs ou de leurs relations personnelles », affirment les mêmes sources. Une charge qui en dit long sur l’exaspération des militants face à cette dérive autoritaire.
Paradoxalement, en tentant de s’imposer au nom de l’héritage de son époux, Augustine Balouki risque de ternir définitivement l’image de Pierre Mamboundou. L’ancien leader de l’UPG, respecté même par ses adversaires politiques, avait fait de la rigueur institutionnelle et du respect des règles démocratiques ses chevaux de bataille. Voir sa veuve fouler aux pieds ces mêmes principes constitue un véritable camouflet à sa mémoire.
L’UPG se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Soit elle parvient à remettre de l’ordre dans sa maison en rappelant à chacun les limites de ses prérogatives, soit elle sombre définitivement dans l’anarchie et perd le peu de crédibilité qui lui reste sur l’échiquier politique gabonais.
La réunion du 3 juillet sera donc un test décisif : les militants accepteront-ils de se plier aux caprices d’une femme qui n’a d’autre légitimité que son statut de veuve, ou sauront-ils défendre l’intégrité institutionnelle de leur parti ? L’avenir de l’UPG se joue peut-être dans cette épreuve de force qui s’annonce explosive.

Un vrai chiffon cet article.