Le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, avait-il tort de dénoncer la corruption au sein de la justice gabonaise ? Un récent fait-divers tend à confirmer ses inquiétudes.
En février dernier, Bissa Bi Affame Aimée Christiane croise la route de Moupoumbou Axel, un individu déjà honni par les femmes d’Essassa, qui le soupçonnent de multiples vols dans leurs plantations. S’en prenant violemment à elles avec une machette, Moupoumbou prend en chasse le groupe. Malheureusement, Bissa Bi Affame est rattrapée et grièvement blessée par des coups de machette.
L’agresseur est rapidement maîtrisé par les riverains et remis à la police judiciaire. Une enquête est ouverte, et Moupoumbou Axel est déféré au parquet de la République. Il est alors inculpé pour coups et blessures volontaires, placé sous mandat de dépôt et renvoyé devant le tribunal correctionnel, dans le cadre d’une procédure de flagrant délit.
Mais contre toute attente et en violation flagrante des règles de procédure, le Procureur Général près la Cour d’appel judiciaire de Libreville délivre un ordre de mise en liberté en faveur de l’inculpé.
Depuis lors, l’affaire est au point mort : Moupoumbou Axel reste introuvable, et le tribunal correctionnel, saisi à trois reprises, ne peut statuer faute de la présence de l’accusé.
Or, rappelons-le : une fois émis, un mandat de dépôt ne peut être levé que par une décision judiciaire. Le Procureur Général peut-il produire une telle décision ? Rien ne l’indique. De plus, pour que ce magistrat agisse, le dossier aurait dû être entre les mains de la Cour d’appel. Ce qui n’est pas le cas : le dossier est toujours au tribunal, et aucune audience n’a encore eu lieu.
Alors, sur quelle base juridique le Procureur Général s’est-il permis de libérer un inculpé en attente de jugement ? Quelle est la position du Procureur de la République face à cette entorse grave à la procédure ? Et que fait le Procureur Général près la Cour de cassation, garant ultime de la hiérarchie judiciaire ?
L’Inspection générale de la Justice a-t-elle été saisie ? Et si oui, quelle est sa réaction face à un tel scandale ?
Au moment où les Gabonais réclament une justice plus équitable, indépendante et débarrassée des pesanteurs politiques et des passe-droits, peut-on encore se permettre de garder dans le système des magistrats comme le Procureur Général près la Cour d’appel de Libreville ?

Trop d’injustice sur cette affaire…