Woleu-Ntem et Ogooué-Ivindo : En marche vers une cohabitation apaisée avec la faune

Libreville, le 4 juillet 2025 – Dans le cadre du projet Biodiverse Landscape Fund (BLF), financé par le développement international du Royaume-Uni via l’ONG Zoological Society of London, les ONG Conservation Justice et SCOOPS-ELABE ont mené, du 11 mai au 22 juin, une importante campagne de sensibilisation dans les provinces du Woleu-Ntem et de l’Ogooué-Ivindo. Objectif : informer les populations locales sur les risques et les solutions liés au conflit homme-faune, en particulier avec l’éléphant.

Cette initiative s’inscrit également dans le cadre du projet NaturAfrica Tridom, cofinancé par l’Union européenne et mis en œuvre au Gabon par Natureplus et Conservation Justice. Le projet couvre le paysage écologique transfrontalier Tridom (Dja-Odzala-Minkébé), regroupant notamment les zones périphériques des parcs nationaux de Minkébé, Mwagna et Ivindo.

Des zones à risque identifiées et cartographiées

Une mission d’identification des zones les plus touchées par les conflits homme-faune a été menée, suivie de deux ateliers de restitution organisés les 18 et 20 juin à Oyem et Makokou, en partenariat avec le Ministère des Eaux et Forêts et les autorités locales.

L’étude a permis de localiser les zones agricoles les plus vulnérables aux incursions d’éléphants, mais aussi de hérissons, de porcs-épics et de singes. Selon le Docteur Steeve Ngama, de la SCOOPS-ELABE et chercheur à l’IRAF-CENAREST, ces zones sont caractérisées par une proximité dangereuse entre activités humaines et espaces protégés, une agriculture en expansion non maîtrisée, une méconnaissance du comportement animal et une absence de mesures préventives efficaces.

Un conflit persistant et meurtrier

Entre 2016 et 2023, plus de 13 000 personnes ont été affectées par ce conflit au Gabon, entraînant de nombreuses pertes humaines et, en représailles, la mort d’au moins 100 éléphants. Ce phénomène n’épargne aucune région du pays, sauf Libreville.

Face à cette situation préoccupante, la Stratégie Nationale de Gestion du Conflit Homme-Faune (SNGCHF) a été finalisée en novembre 2024. Elle attend encore son adoption officielle par le gouvernement. Dans l’intervalle, les ONG et partenaires techniques s’organisent pour engager des actions concrètes sur le terrain.

Des mesures concrètes présentées aux communautés

Les ateliers ont été l’occasion de présenter plusieurs mesures concrètes aux populations locales, notamment :

  • La création de brigades de chasse pour atténuer le conflit homme-faune ;

  • Le déploiement de clôtures électriques mobiles (CEM), technologie promue par l’ONG Space for Giants ;

  • Le renforcement de la surveillance et le suivi régulier des incidents ;

  • La sensibilisation des populations et le renforcement des capacités locales ;

  • Le soutien à la recherche scientifique et à la capitalisation des données existantes.

Des sessions spécifiques sur les comportements à adopter en cas de rencontre avec un éléphant ont également été dispensées.

« Sensibiliser les communautés à la cohabitation avec les éléphants et les clôtures électriques est une réponse pragmatique au conflit », a indiqué Hans Ekorezock Ndong, de Space for Giants Gabon. Il a souligné la nécessité d’un déploiement renforcé des CEM dans les zones les plus à risque, identifiées lors de cette étude.

De leur côté, les préfets du Woleu-Ntem et de l’Ogooué-Ivindo, Brice Moussirou et Pachelli Ngawin Mboulou, ont salué cette initiative et appelé les communautés à tirer pleinement parti des enseignements et outils mis à leur disposition pour faire face à ce fléau.

Franck Charly Mandoukou

Directeur de la publication, Journaliste libre et indépendant. Gabon infos,Toute l'information du Gabon. Les dernières actus, la politique, l'économie, la société, la culture, la justice, les faits divers...