Les Gabonais, habitués aux métamorphoses politiques les plus rocambolesques, ont appris par voie de presse que l’Union Nationale Initiale (UNI), parti dirigé par le ministre de la Communication Paul-Marie Ngondjout, a décidé de se fondre dans l’Union des Bâtisseurs Démocrates (UBD), un parti encore en… gestation.
Si la nouvelle aurait pu susciter un haussement d’épaules poli dans d’autres contextes, elle mérite ici qu’on s’y attarde. Car l’UBD, le supposé grand frère accueillant, n’a pour l’instant aucune existence juridique. Ni récépissé officiel, ni statut validé, ni siège connu. Et pourtant, l’UNI, reconnu par les autorités compétentes, a choisi de se saborder volontairement pour intégrer ce mouvement encore virtuel, porté par le président de la cinquième République, Brice Clotaire Oligui Nguema.
On aurait pu croire à une erreur de communication, un malentendu administratif, voire une rumeur. Mais non : c’est un choix assumé, revendiqué, et même célébré par ses auteurs. L’UNI, avec son encre et son récépissé, a préféré se dissoudre dans un projet encore sans fondement légal. Une sorte de mariage express entre un citoyen vivant et un fantôme administratif.
En coulisses, un cadre de l’UNI justifie ce choix « L’UBD représente la vision du Chef de l’État. Nous voulons l’accompagner dans la construction du pays ».
Une phrase qui, en creux, révèle la nature profondément affective et hiérarchisée du jeu politique gabonais, où les engagements se prennent plus souvent à l’ombre du pouvoir qu’à la lumière du droit.
L’Union Nationale Initiale avait pourtant été présentée, lors de sa création, comme une voix alternative dans le paysage politique national. Mais en se dissolvant dans un mouvement encore inexistant, elle symbolise une tendance croissante : l’extinction progressive de l’opposition structurée, remplacée par des ralliements précoces et des promesses d’intégration dans la nouvelle architecture du pouvoir.
Le drame n’est donc pas tant la disparition de l’UNI, mais le message qu’elle envoie : la légalité peut attendre, quand la loyauté envers le pouvoir en place promet des lendemains confortables.

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