Gabon Economic Forum : « Pour une fois, les Gabonais parlent économie, pas politique », Pr Gabriel Zomo Yebe

Au sortir du Gabon Economic Forum, organisé par le gouvernement du 7 au 8 juillet 2025, nous avons demandé au Pr Gabriel Zomo Yebe, enseignant à l’Université Omar Bongo, de nous livrer sa lecture de cet événement. Lecture…

Le Gabon vient d’organiser un Forum économique pour repenser notre économie. Quelle lecture faites-vous de cet événement ?

 

— Il s’agissait d’une très bonne initiative, parce que pendant longtemps, on n’avait jamais vraiment réfléchi à notre économie de manière collective. On n’avait jamais rassemblé les gens pour en parler franchement. Quand je dis « les gens », je parle des décideurs, des politiciens, des acteurs de l’administration, mais aussi des universitaires.

 

Pour une fois, nous avons pu nous réunir et essayer de réorienter notre économie. Il faut savoir que les problèmes que nous connaissons datent de longtemps. Nous avions une « économie de rente » qui nous a certes permis d’atteindre un certain niveau de croissance, mais on se rend compte aujourd’hui qu’il s’agissait d’une croissance appauvrissante, une croissance de mauvaise qualité.

 

Avec les nouveaux enjeux, il était donc important d’aborder toutes ces problématiques qui concernent l’avenir du Gabon. Et nous ne pouvons que remercier et féliciter le ministre d’État, ministre de l’Économie et des Finances, qui non seulement a autorisé la tenue de ce forum, mais y a également activement participé.

 

On a parlé de tout : de l’ADN de notre économie, du rôle du secteur privé, de la croissance… pratiquement tous les sujets ont été abordés.

 

Alors, est-ce qu’on peut dire qu’aujourd’hui, nous sommes sur une pente ascendante ? Sommes-nous sur une voie gagnante pour l’économie gabonaise ?

 

— Écoutez, on le verra dans quelques années, à travers la mise en œuvre des recommandations. Ce forum ne doit pas clore les débats. Il y a encore beaucoup à approfondir, que ce soit sur la dette ou sur la croissance.

 

Le gouvernement s’est fixé comme objectif d’atteindre un taux de croissance d’au moins 10 % dans le secteur non pétrolier d’ici deux ou trois ans. C’est un objectif ambitieux, certes difficile à atteindre, mais tout à fait louable.

 

En économie, il ne s’agit pas simplement de se demander si un objectif est atteignable ou pas. Nous avons une approche que l’on appelle « néoclassique » : on regarde le monde tel qu’il devrait être, et on définit ensuite les stratégies pour atteindre cet idéal.

 

Je pense que c’est ce que le gouvernement a voulu faire, et surtout le ministre de l’Économie et des Finances. Il a posé un idéal et nous invite à réfléchir au cheminement vers cet idéal. C’était tout l’objet de ce forum, que ce soit en matière de croissance ou de gestion de la dette.

 

Désormais, on se pose de nouvelles questions. Il faudra responsabiliser ceux qui ont utilisé la dette publique : quels problèmes ont-ils rencontrés ? Il ne s’agit pas forcément de sanctionner, mais plutôt d’améliorer nos pratiques passées. Il est temps de changer de paradigme.

 

Et le fait d’impliquer les universitaires dans cette réflexion économique, est-ce une nouvelle donne ? Une révélation ?

 

— C’est effectivement une nouvelle approche. Pendant longtemps, l’université a été tenue à l’écart de l’administration. Ce forum a permis, peut-être pas pour la première fois, mais de manière rare, de donner la parole aux universitaires.

 

La différence, c’est que nous, universitaires, avons une liberté d’expression plus grande. Nous nous appuyons sur la science. Nous disons : « Voici ce que dit la science. » Ensuite, c’est au politique de prendre nos recommandations et de les adapter aux contraintes politiques et sociales. L’universitaire, lui, se concentre sur la faisabilité scientifique et technique.

 

Il faut reconnaître que l’administration a bien joué le jeu. Elle s’est parfois dévoilée, de manière directe ou indirecte, sur les difficultés rencontrées dans leur fonctionnement, notamment au ministère de l’Économie et des Finances.

 

Tout cela nous permet de rechercher des solutions idoines pour améliorer les performances, les politiques publiques, et in fine, la situation économique du Gabon. Il faut être optimiste. Ce sera un travail laborieux, mais nous avons des raisons d’espérer, et de croire en un avenir meilleur

Merci Pr Gabriel

Franck Charly Mandoukou

Directeur de la publication, Journaliste libre et indépendant. Gabon infos,Toute l'information du Gabon. Les dernières actus, la politique, l'économie, la société, la culture, la justice, les faits divers...

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