Bras de fer entre les Mairies de Libreville et le Ministère des transports 

La guerre des compétences couve dans les rues de Libreville, Akanda, Owendo et Ntoum, attisée par la dénonciation vigoureuse ce mercredi 23 juillet d’Eugénie Maramba, figure de proue du SYNADGTT. Face à ce qu’elle nomme « empiètement » de la Mairie sur les prérogatives exclusives du Ministère en charge des Transports, le syndicat tire la sonnette d’alarme, pressentant la montée d’une crise institutionnelle dont l’ampleur menace l’équilibre de l’ordre public.

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L’atmosphère est devenue électrique : à en croire les agents de la Direction Générale des Transports Terrestres (DGTT), du Centre National d’Examen du Permis de Conduire (CNEPC) et du Centre National d’Édition et de Délivrance des Documents de Transport (CNEDDT), ce sont « de puissants lobbies » municipaux qui pilotent une manœuvre de dépossession rampante, balayant d’un revers de main années de cadres réglementaires et accords inter-administrations. Derrière le vernis technique, sourd une rivalité aussi ancienne que la République, où l’autonomie des municipalités se heurte frontalement à la centralité du pouvoir d’État.

 

Maramba ne mâche pas ses mots : la « paranoïa nuisible » et le « mépris affiché » de certains responsables municipaux alimenteraient un climat d’intimidation directe contre les opérateurs économiques du secteur, dont plus d’une centaine se trouvent aujourd’hui délibérément mis en porte-à-faux malgré leurs agréments techniques validés « en règle » par la DGTT. La tension s’est cristallisée autour de la décision – non officielle, non écrite, et donc « inapplicable » – confiant la gestion de métiers connexes au transport aux mairies. Motif avancé : ces activités seraient désormais inscrites dans le budget des municipalités, malgré l’absence de base légale incontestable selon le syndicat.

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Derrière le brasier administratif, se cache une question cruciale de légitimité et de sécurité publique. Le syndicat brandit la loi organique n°001/2014 du 15 juin 2015, fondement de la décentralisation, dont les articles phares mettent en garde contre tout transfert de compétence non encadré. Du côté des municipalités, la logique budgétaire semble primer, au risque de verser dans la confusion la plus totale—voire dans la « violence non maîtrisée », selon Maramba, qui presse la Présidence d’intervenir pour garantir le respect strict de l’autorité républicaine.

 

En filigrane, les dysfonctionnements intérieurs du ministère des Transports — budget volatilisé, absence d’équipements, éclatement hiérarchique — exacerbent le malaise, et la DGTT se sent acculée, instrumentalisée, voire méprisée par une alliance de circonstances et d’intérêts.

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Le décor est planté et chaque camp campe sur ses positions, avec le spectre d’un chaos juridico-administratif imminent et l’ouverture d’un nouveau front social. En jeu, la maîtrise de la ville et des flux, la monnaie du timbre municipal, mais aussi la sécurité des usagers et la préservation d’un État de droit que tous les acteurs disent défendre. Reste à savoir qui, du Ministère ou des Mairies, saura (et pourra) poser la première pierre d’une sortie de crise pérenne et équitable pour tous.

 

Dans ce duel à fleur de texte et de nerf, la voix du SYNADGTT résonne comme un mot d’ordre : l’État, ou rien.

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