Libreville proteste auprès du Bénin après des insultes visant le président Oligui Nguema

 Les relations entre le Gabon et le Bénin traversent une zone de turbulence. Mercredi, le ministre gabonais des Affaires étrangères, Régis Onanga Ndiaye, a convoqué en urgence le Consul honoraire du Bénin au Gabon, Dr Yessoufou Maroya, pour lui notifier la vive protestation de Libreville après une série de messages insultants visant le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, nous rapporte Gabonactu.

 

Ces propos, largement relayés sur les réseaux sociaux par des ressortissants béninois, ont été qualifiés par les autorités gabonaises « d’irrévérencieux et d’injurieux ». À l’issue de la rencontre, aucun commentaire officiel n’a été fait ni par le diplomate béninois, ni par le gouvernement gabonais.

 

Libreville dénonce le silence de Cotonou

Selon une source proche du ministère des Affaires étrangères, Régis Onanga Ndiaye a chargé le Consul honoraire de transmettre aux autorités béninoises « la désapprobation du Gabon face à l’absence de réaction officielle de Cotonou », jugée incompréhensible au regard de la gravité des insultes proférées contre le Chef de l’État.

 

Une tension nourrie par la réforme sur l’emploi

 

Cette crispation diplomatique trouve son origine dans une mesure adoptée lors du Conseil des ministres du 12 août dernier. Le gouvernement gabonais avait alors interdit l’exercice de certains métiers aux étrangers, une décision justifiée par la nécessité de protéger l’emploi des jeunes nationaux.

 

La réforme a été perçue comme une attaque directe par une partie de la communauté béninoise installée au Gabon, très active dans le petit commerce et certains services. Depuis, les invectives en ligne contre le président Oligui Nguema se sont multipliées, provoquant une vive indignation au sein de l’opinion publique gabonaise.

 

À Libreville, la tension s’est accrue lorsqu’un leader populiste local, Samy Boucalt, a tenté d’exploiter le climat en appelant à la fermeture de commerces tenus par des étrangers. Bien que son initiative n’ait pas abouti, elle a révélé la fragilité du climat social et la nécessité pour les autorités de contenir les dérives xénophobes.

 

Si Libreville affirme privilégier le dialogue diplomatique, le gouvernement ne cache pas sa fermeté sur la question. « Le Gabon n’acceptera aucune atteinte à la dignité de son président et de ses institutions », a confié un diplomate sous couvert d’anonymat.

 

Les regards se tournent désormais vers Cotonou. Une prise de position claire des autorités béninoises pourrait contribuer à désamorcer une crise qui, au-delà des mots, soulève la délicate question de l’équilibre entre souveraineté nationale et intégration économique africaine.

Franck Charly Mandoukou

Directeur de la publication, Journaliste libre et indépendant. Gabon infos,Toute l'information du Gabon. Les dernières actus, la politique, l'économie, la société, la culture, la justice, les faits divers...