GABON: UNIVERSITÉ DE LA DÉFENSE NATIONALE, UNE PRIORITÉ ?

GABON: UNIVERSITÉ DE LA DÉFENSE NATIONALE: UNE PRIORITÉ ?

De nombreux Gabonais ont appris, ahuris, la décision gouvernementale de création d’une université de santé dénommée « Université nationale des Sciences et Techniques de la Santé (USTS). Cette décision du conseil des ministres du 10 août dernier est cependant loin de faire l’unanimité.

Et pour cause, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’opportunité d’une telle décision quand on sait le contexte économique du pays qui, contrairement à ce qu’affirment certains esprits obtus, connait des réalités loin d’être reluisantes. Même les professionnels, eux-mêmes, en sont à se demander qu’est-ce qui leur est passé par la tête pour que les autorités de ce pays aient pris la décision d’un tel projet  dans un contexte qui ne soutient pas du tout cet argument. Ce d’autant plus que sous d’autres cieux, pareille circonstance aurait conduit les décideurs  de privilegier plutôt une logique de mutualisation de moyens poussant à la dynamisation du fonctionnement de l’Université des Sciences de la Santé (USS) d’Owendo.

Les Forces de Défense et de Sécurité ont-elles besoin, en tenant compte des effectifs réels, d’un nombre aussi important de médecins militaires nécessitant la création d’une telle institution au sein de la Défense nationale ? Il ne sert à rien de jouer la politique de l’autruche ! Les Gabonais qui ont opté pour regarder la réalité en face déduisent que le pays va à vau-l’eau. S’appuyant sur l’exemple de la France, du Maroc, du Sénégal et de la Côte-d’Ivoire, où les médecins militaires sont formés dans les mêmes universités que leurs confrères civils, ne regagnant les casernes qu’à la fin des cours pour suivre l’encadrement et le suivi pédagogique se rapportant à leur corps de métier.

Selon le classement des armées africaines par indice de puissance militaire publié le 28/02/2022, par le site américain « Strength Ranking Global Firepower », l’armée gabonaise a besoin d’un plan d’équipements devant lui permettre d’améliorer son rang et booster ses performances afin de garantir la sécurité du territoire national, partant par ricochet des populations. Les quelques officiers supérieurs interrogés sur le sujet, regrettent le manque de moyens devant leur permettre de s’entraîner régulièrement en vue de maintenir les capacités opérationnelles dans le but d’être prêt à toute éventualité. Notre enquête dans les unités de soins telles le RPG ou le Bataillon de Reconnaissance et de Combat (BRC) de Melen, a suffi à constater la vétusté des structures et le manque d’équipements médicaux et de médicaments. A Baraka et au Gros- Bouquet, le constat est le même. Il serait intéressant que les plus hautes autorités du pays se penchent sur la question avant que de construire des châteaux en Espagne !

Chartrin ONDAMBA

Redacteur en chef adjoint