*La colère des promoteurs immobiliers qui souhaitent jusqu’ici soutenir la politique de logements d’Ali Bongo Ondimba mais sapés par Olivier Nang Ekomie, le ministre de l’Habitat, est désormais à son comble. Surtout que ce* *dernier dit n’avoir rien à faire des jérémiades de ces hommes d’affaires déboussolés, parce* *qu’ayant des soutiens des proches du président de la République comme* *principal bouclier*
Les promoteurs immobiliers ne se cachent plus, leur exaspération ayant atteint son paroxysme. Si Ali Bongo Ondimba n’a pas pu mener à bien son projet de loger les gabonais comme promis en 2009, il y a des responsables, en tête desquels Olivier Nang Ekomye, l’actuel ministre de l’Habitat.
Pour ces derniers, le ministre de l’habitat est un homme au bilan zéro, ce depuis ses fonctions à l’ANUTTC, agence à la tête de laquelle il a passé 3 années sans avoir fait viabiliser une seule parcelle de terrain.
Et depuis son arrivée au gouvernement, depuis bientôt 3 années aussi, aucune promotion immobilière engagée par l’État.
Pourtant, de graves compromissions de l’actuel ministre de l’Habitat ont été mises à nu à la Direction générale des recherches (DGR). À son actif, des détournements de plusieurs hectares dans le Grand Libreville, et la vente de 300 hectares d’Okolassi, avec titre foncier, propriété de l’ANUTTC, à la Caisse de dépôt et de consignation (CDC).
Pour le coup, l’homme doit son maintien au gouvernement à quelques personnalités très proches d’Ali Bongo Ondimba. Selon une source digne de foi, Olivier Nang Ekomye laissait entendre plus haut qu’il n’avait de compte à rendre à personne, sinon qu’à Brice Laccruche Alihanga (BLA), alors directeur de Cabinet.
Aujourd’hui, il dit être protégé par des proches du président de la République.
À en croire Lino Carlos Boussamba, gérant de la société GIMBTP, Olivier Nang Ekomie a boycotté tous les projets de entreprise, spécialement ceux visant l’accompagnement de la matérialisation de la politique d’Ali Bongo Ondimba en matière de logement.
« Nous sommes des hommes d’affaires. Nous avons fait le choix d’investir dans des programmes immobiliers et à fonds propres. Donc, depuis que nous avons commencé nos projets il se trouve que nous n’avons eu aucune aide, aucun soutien de la part de l’administration », témoigne-t-il, non sans renchérir : « Nous avons obtenu nos titres fonciers en toute propreté pour la réalisation de projets, le tout validé avec des plans, des études, le tout fait globalement pour qu’un projet immobilier soit reconnu viable selon les normes en vigueur. Malheureusement pour nous, au terme de tous ces travaux, sur une partie d’aménagement de nos espaces, il se trouve que le ministre a pondu une ordonnance qui institue l’obligation de mise en valeur des concessions d’aménagement foncière ».
Un véritable coup de massue pour cette entreprise gabonaise, qui n’a aucun contrat ni cahier de charges, donc pas sujette à cette ordonnance, laquelle a dû se battre devant les tribunaux compétents pour le prouver et récupérer son titre foncier.
» Ils ont pris cette ordonnance qui ne nous concerne pas, au lieu de nous convoquer pour savoir dans quelle situation nous sommes, à quel niveau de nos projets, au moment où il décide de faire sortir son ordonnance. Rien n’a été fait. Il aurait quand-même fallu nous consulter pour savoir comment nous pouvions accompagner le ministère de l’habitat à réaliser les objectifs du chef de l’État », témoigne-t-il, outré de ces agissements qui n’honorent pas le Gabon.
« Nous manquons de crédibilité auprès des bailleurs de fonds internationaux. Nous sommes des privés et nous courrons après nos intérêts. Derrière nos projets, il y a un retour financier que nous espérons. Donc nous cherchons des investisseurs, des bailleurs de fonds étrangers. Nous nous sommes retrouvés à devoir donner des garanties, à répondre à toute une batterie de conditions. Ce qui fait qu’à ce jour, nous sommes toujours en négociations de cet argent là. L’administration ne nous accompagne pas et nous qui avons obtenu nos titres fonciers en toute légalité, nous n’avons pas été consulté avant la mise en application contre nous de l’ordonnance instituant l’obligation de mise en valeur des concessions d’aménagement foncière ».
Un épisode mal vécu, qui leur a fait perdre de l’argent, du temps, et des opportunités, vu les engagements contractuelles avec la CNSS Immo qui avait fait une commande ferme de 50 logements sur une livraison a terme de 500.
« Nous nous sommes lancés à fonds propres dans nos projets immobiliers depuis 2011, précisément lorsque le ministère de l’habitat lançait les partenariats public-privé (PPP). Nous avions simplement le désir d’accompagner l’État. Cela ne veut pas dire que l’État a quoique ce soit dans nos projets, mais nous avons fait le choix d’investir pour le bonheur des populations. Comment après cette volonté le ministre peut-il nous attaquer », pose-t-il, outré par cette attitude.
« Il nous dépossède de nos titres fonciers, tout en étant hors du contexte de la concession d’aménagement qu’il défend. Il dit que les promoteurs ont fait de la vente illicite. Il prétend que nous avons fait de la spéculation foncière. Mais en soi, la spéculation n’est pas une mauvaise chose, c’est le pouvoir de négocier et de partir d’un prix à un autre selon la valeur qu’on estime a un bien », ajoute-t-il.
Des prétextes fallacieux, qui ont conduit le promoteur immobilier à ester en justice, face à cette dépossession sauvage.
« Nous nous sommes plaints auprès des juridictions compétentes. La première juridiction à juger s’est déclarée incompétente. Le tour est revenu au tribunal administratif, que nous avons saisi par la suite. Mais ce tribunal a dansé dans sa lecture du droit. Par un simple PV de carence illégal en plus, l’ANUTTC à procéder à la mutation de nos titres fonciers. Nous disons qu’on ne peut déposséder quelqu’un aussi facilement d’un bien comme celui-là, avec des prétextes fallacieux », explicite-t-il.
Des manœuvres occultes, semble-t-il menées par le ministère de l’Habitat.
« Pour ne citer que mon exemple, je suis dans ce projet depuis 2010-2012. J’ai eu mon titre foncier en 2015 et de 2015 à maintenant, j’ai tout fait pour trouver des investisseurs. Je n’ai vendu aucune surface commerciale, parce que n’étant pas encore aménagé, et parce que n’étant pas encore viabilisé. Ce qui est une exigence de la norme car pour pouvoir vendre un terrain, il faut l’aménager. Alors aujourd’hui n’ayant pas fait ça parce que j’étais dans un projet immobilier, je me trouve découragé. Quelle motivation aurais-je après avoir dépensé près de 2 milliards de francs CFA dans des études, des travaux, les conflits fonciers avec les squatters, et ce ne sont même pas des riverains en tant que tels, ce sont des gens qui se disent propriétaires parce qu’ils ont des plantations? », explique-t-il.
Ainsi, ce sont plus de deux milliards de francs CFA qui auront été mobilisés par le promoteur immobilier. Une somme gigantesque, qu’il craint aujourd’hui d’avoir perdu.
« Je tiens à préciser que dans le projet que nous avons monté, nous avons obtenu depuis 2015 la validation des équipements collectifs de proximité. Nous avons obtenu les signatures pour la réalisation sur plan réalisé par nous, du commissariat de police, le tout validé par le Commandement en chef de la Police Nationale. Nous avons fait valider auprès du chef de corps des sapeurs pompiers la caserne des pompiers. Des plans réalisés par nous, selon les cahiers des charges qui nous ont été présentés.
Nous avons aussi fait valider la direction générale des examens et concours » avec le ministère de l’éducation nationale ».
Si les manœuvres malsaines du ministère de l’Habitat, menées conjointement avec l’ANUTTC, et qui portent visiblement la signature d’Olivier Nang Ekomye n’avaient pas été conduites, que de choses auraient changé : « Il y a de grands édifices qui seraient sortis de terre dans le 1er arrondissement de la Commune de Ntoum. Cela aurait été quasiment la ville qui se serait agrandie de ce côté. Une ville moderne. Le projet est toujours d’actualité mais le moral dans lequel le promoteur que je suis se trouve, avec ses partenaires, a besoin de comprendre les objectifs réels de l’administration, que si aucun soutien ne nous est proposé, qu’il nous soit laisser la liberté de réaliser nos projets », précise notre interlocuteur.
« Nous avions, avec nos 1er investisseurs, entre 2014 et 2016, nous avons investi dans les dédommagements des plantations. Nous avons aussi investi dans les conflits avec les squatteurs, nous avons investi dans les études d’impact environnemental et surtout dans les études de sol, dans la topographie du terrain », énumère-t-il.
Olivier Nang Ekomye, outre le fait de n’avoir rien produit comme résultat à l’ANUTTC et à l’Habitat, est véritablement un caillou dans la chaussure d’Ali Bongo Ondimba, le président de la République, qui n’a de cesse de se battre pour l’amélioration des conditions de vies des populations.
Le ministre de l’Habitat devrait-il céder la place à un compatriote plus méritant? Impossible, puisqu’il a des proches du président comme parapluie. Une autre source interrogée, demande l’arrestation du ministre de l’Habitat afin de faire la lumière sur cette sombre affaire.