Dans une interview accordée par le journal Français, la Montagne Sport, le jeune prodige gabonais, Orphée Mbina raconte son parcours. De Libreville, au Gabon, jusqu’à Chamalières, l’attaquant Orphé Mbina a réalisé son rêve, connu le doute, frôlé le K.-O. avant de renaître en Auvergne. Une confiance en soi qui a servi de déclic pour celui qui affiche désormais une forme étincelante.
« Oui, c’est un conte de fées pour moi ». Orphé Mbina (22 ans), l’attaquant du FC Chamalières, avoue en toute humilité sa grande forme. Pas un hasard pour un garçon qui respire la bienveillance, presque gêné d’être mis en avant. « J’ai encore du mal à y croire. Mais le plus important, c’est de garder la tête sur les épaules ».
Plus que ses crampons, c’est ce sourire qu’il porte en permanence qui en dit long sur ce qu’il vit à Chamalières. Son moral est au plus haut, porté par ce plaisir de marquer, encore et encore. Douze buts en championnat cette saison (*), avec six matchs de rang sans faillir à la tâche. Si Chamalières en est là en National 2, avec une 8e place aussi surprenante que méritée, c’est en partie grâce à son serial buteur.
Un personnage attachant, bosseur, qui a dû s’arracher pour faire trembler les filets. Pourtant, Mbina ne manque pas de qualités, comme l’analyse son entraîneur, Kévin Pradier.
« C’est un joueur très complet, capable de prendre la profondeur, très rapide. Il peut décrocher, mais aussi servir de point d’appui. Il a un bon jeu de tête aussi. C’est ce qui le rend imprévisible pour l’adversaire. »
Ce fichu mental, cette confiance qui quitte n’importe quel attaquant en proie au doute, en manque de buts. « C’est un garçon qui a travaillé pour retrouver cette confiance qu’il n’avait malheureusement pas la saison passée. Il a eu ce déclic contre le Stade Bordelais où il met trois buts. Je suis content pour le garçon, qui s’est accroché pour en arriver là, toujours à l’écoute des conseils », confirme Kévin Pradier.
Pour se faire autant mal, il faut en vouloir et, surtout, aimer ce qu’on fait. « Quand tu as cette passion, tu ne sens pas le vent, le froid. » Cette passion du football, Orphé Mbina la cultive depuis toujours, à Libreville, la capitale gabonaise. « J’ai l’impression d’être sorti du ventre de ma mère avec un ballon dans les mains. Je joue depuis tout jeune, mon père jouait au football, en défense centrale donc rien à voir avec mon poste (rires). »
Mais rien n’a été facile, comme pour beaucoup d’Africains contraints de quitter le continent pour l’Europe, en quête d’une carrière. Orphé ne déroge pas à la règle.
La sélection un rêve d’enfant
De ses premiers pas dans la capitale gabonaise, ponctués de stage de football à l’OM, poussé par un père qui a tout fait pour que son fils puisse tenter sa chance. Seul, à Manosque, vers Marseille, en sports-études. Puis à Balma, logé par sa tante tout en jouant chez les U17. Avant deux ans à Colomiers, suivis des réserves de Béziers et Grenoble. Beauvais fut le point de passage le plus difficile. Un but la saison passée. La galère.
Forcément, le Gabonais a douté, plombé par un manque de réussite. À Chamalières, il revit. « Je manquais de confiance en moi, et ça fait plaisir de la retrouver. Je ne dois plus douter de moi, de mes capacités. De ce dont je suis capable, même si ça ne va pas bien. »
« J’ai emprunté le parcours des braves », affirme d’ailleurs, non sans fierté, un Orphé Mbina rêveur. D’autant que son destin ressemble étrangement à un joueur du Clermont Foot, sélectionné avec le Gabon en N2 alors qu’il jouait au Puy. Un certain Jim Allevinah. « J’ai toujours vu l’équipe nationale comme une consécration. On travaille pour ça aussi. […] Bien sûr que j’en rêve, depuis tout petit. J’ai grandi avec les Panthères, Aubameyang, Lemina, etc. »
Surnommé « Didier Drogba » dans le vestiaire, « flatteur » pour Mbina, l’attaquant ne se sent pourtant « pas du tout proche des qualités de Drogba (rires) » et mise sur la coupe de cheveux pour ce rapprochement. Mais rêve sans doute d’une carrière aussi belle que celle de l’Ivoirien.