À QUOI JOUE LA COMMISSION NATIONALE DE LUTTE CONTRE L’ENRICHISSEMENT ILLICITE ?

Les faits semblent être têtus qui démontrent qu’il n’y a pas encore eu véritable rupture entre le régime d’Ali Bongo Ondimba et celui incarné par le CTRI. La justice demeure l’un des pans de la gestion de la République sur lequel se focalise l’attention des Gabonais qui ne voudraient pas déchanter.

Et pour cause, il leur a été promis après le coup d’état, que dis-je, le coup de libération du 30 août 2023 qui a mis fin au règne d’Ali Bongo Ondimba, d’observer scrupuleusement les principes juridiques en vigueur en territoire gabonais. Or, que relève-t-on ? Des dérapages de nature à remettre en question la sincérité et l’objectivité de l’institution judiciaire qui, à sa décharge, semble subir le diktat des « nouveaux rois ». Revenons un tout petit peu à l’histoire pour nous souvenir que sous la conduite du procureur de la République, l’on nous avait annoncé de nombreuses arrestations et des perquisitions à domicile chez d’anciennes autorités au lendemain de l’historique 30 août. D’importantes sommes d’argent avaient alors été découvertes, ainsi que des objets de valeur. S’en sont suivies, des inculpations de plusieurs proches du président déchu, reconnu sous l’appellation de « Young Team ». Des indélicats qui ont vu les portes de la prison centrale de Libreville s’ouvrir grandement devant eux, sur décision du juge d’instruction pour détournement de fonds publics, de blanchiments de capitaux et de falsification de la signature du chef de l’État.

Curieux sont les Gabonais, observateurs avertis de la vie politique de leur pays, qui se demandent pourquoi 5 mois après, la « Young Team » est-elle présenté à la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI), parce n’y voyant aucun intérêt, se référant au fait que les membres de cette dernière, écroués à la prison centrale pour les mêmes faits, seraient déjà passés aux aveux.

D’où la question que l’on se pose de savoir pourquoi cette Commission n’est-elle pas intervenue en amont, dire qu’elle est spécialisée dans la prévention et la constatation des faits d’enrichissement illicite ? Au contraire, donne-t-elle l’impression de faire du folklore !

L’on se souvient cependant que, créée par la loi 0003 du 7 mai 2023, la CNLCEI comporte dans l’article 8 de ses textes organiques ce qui suit : « Lorsque les faits lui paraissent de nature à justifier l’application de sanctions pénales, la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite adresse le dossier au procureur de la République. Le procureur de la République ne peut classer sans suite que lorsque les faits poursuivis sont manifestement inexacts, prescrits ou amitiés »

Il est, au vu de ce qui précède, plausible de se demander à qui la Commission va adresser ses conclusions, le procureur de la République s’étant déjà saisi du dossier depuis le 30 août dernier ?

Quand est-ce que le ministre de la justice sonnera le tocsin ?

Chartrin ONDAMBA

Redacteur en chef adjoint